Sarkozy : les contre-feux d'Hortefeux
Cette interview n’est pas tombée du ciel : elle vient officialiser ce qui était de l’ordre du récit non confirmé. L’offensive de la garde rapprochée se poursuit, sans que l’ex président n’ait à intervenir. Dimanche dernier, Nadine Morano ouvrait le bal dans Le Parisien pour étriller la troïka : "Le triumvirat Fillon-Raffarin-Juppé n’a aucune légitimité", déclarait la Petite fille aux allumettes de la Sarkozie, en expliquant que si son mentor voulait revenir, rien ne le bloquerait. Imitée quelques heures plus tard par Claude Guéant.
Brice Hortefeux, troisième étage de la fusée
Le président de l’association des amis de Nicolas Sarkozy a été autorisé à préparer les esprits avec des mots choisis, sans ambiguïté : la "possibilité" d’un retour devient une « nécessité ». Et Hortefeux émet le souhait officiel d’une candidature Sarkozy à la présidence de l’UMP à l’automne. Voilà, c’est fait : "Le calendrier s’est accéléré, c’est un schéma qui se pose", expliquait hier soir un proche de l’ancien président. « Nicolas attendra au moins le départ de Copé le 15 juin. Et le délai légal avant de se déclarer, sans doute à la fin de l’été ». Franchement, si avec tout ça certains vont encore nous raconter que « Nicolas réfléchit », cela va tourner au running gag.
L’interview de Brice Hortefeux est un double contre-feu
D’abord au meeting parisien de François Fillon de mardi, qui a permis à l’ancien Premier ministre d’étriller le système Copé, et donc Sarko, de l’après 2012, sans jamais les citer. Contrefeu ensuite à une riposte de Jérôme Lavrilleux, elle figure dans les pages du magazine Le Point . L’ex dir-cab de Copé, celui qui a avoué en armes, étrille certains ténors de l’UMP, mais fait surtout comprendre qu’il n’était pas tout seul, que d’autres savaient pour l’argent, et qu’une personne avait informé le candidat Sarkozy de la ventilation des comptes. L’appel de Brice Hortefeux tombe donc à pic, selon la bonne vieille méthode d’étouffement médiatique que Nicolas Sarkozy a pratiquée avec succès contre Dominique de Villepin pour l’écarter de la course à la présidentielle de 2007.
Il y a enfin l'autre offensive
La bataille pour le contrôle du "cadavre debout", jusqu’au congrès de l'UMP à l’automne. Copéistes et Sarkozystes réclament l’application stricte des statuts, ce qui revient à confier l’intérim à Luc Chatel, qui fut vice-président délégué : lui seul peut détenir la signature légale, celle des chèques par exemple, même si les caisses sont vides. Jean-Pierre Raffarin propose un partage des tâches : le triumvirat aurait la main sur le politique et Chatel tiendrait un rôle d’administrateur. Tout cela à mi-chemin entre le pathétique et le grotesque, sous la menace du laminoir Bygmalion. Le vaudeville va continuer.
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