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Quand Valls rencontre Pigasse

Premier Conseil des ministres ce vendredi matin  pour Manuel Valls: le nouveau chef du gouvernement de François Hollande veut-il déjà changer de politique ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

"Nous sommes tous
hollandais"
, avait clamé le nouveau Premier ministre, la main sur le
cœur, mercredi soir sur TF1. Ce qui ne l'a pas empêché de recevoir le banquier
Matthieu Pigasse hier matin à Matignon, et de le faire savoir, envoyant au
passage un étonnant signal d'indépendance en direction de l'Elysée.

Le pédigrée de Matthieu
Pigasse a déjà de quoi hérisser François Hollande : ce proche de Dominique
Strauss-Kahn, banquier d'affaires, président de Lazard France, patron de presse,
il possède le Monde et le NouvelObs en partenariat avec Xavier
Niel et Pierre Bergé, il est également propriétaire des Inrocks , magazine symbole d'une jeunesse qui était censée être la priorité
de François Hollande et qui a déserté les urnes aux municipales.

Petit souci : Matthieu
Pigasse écume depuis dix jours radios et télés, il est venu chez nous à France
Info, pour faire la promo de son brûlot : Eloge de l'anormalité , édité chez Plon. 180 pages qui atomisent 22
mois de présidence normale, en dénonçant le manque d'ambition de la gauche en
matière de réformes, l'amateurisme de l'équipe au pouvoir - celle d'avant - le
maintien des politiques d'austérité sans audace qui enfoncent un peu plus les
pays d'Europe dans la crise.

En quelques mots, que dit Matthieu Pigasse ?

L'extrait le plus
significatif : "Bienvenue à Normaland, le pays de la normalité. Ici,
tout est normal, à commencer par notre dirigeant. Cette normalité, dans les
temps agités, nous mène droit dans le mur" Pour lui, l'Europe doit
mutualiser ses dettes. Il faut réformer notre marché du travail, supprimer les départements,
fusionner les petites communes. La liste est longue, avec un impératif : il
faut agir vite, et redonner le goût de la politique.

C'est ce monsieur si peu
hollandais, très critique avec le président,  qui a été consulté hier matin par le Premier
ministre à Matignon.

Pour se dire quoi ?

"Parler
d'avenir
", a juste lâché le banquier, attendu à sa sortie par un mur de
caméras et de micros. Matthieu Pigasse n'acceptera aucun rôle dans le
gouvernement. Mais le symbole est là : Manuel Valls, dès son installation,
fait entendre sa différence, lui qui a critiqué jadis les 35h ou soutenu la TVA
sociale. Ça donne un peu une idée de la suite.

Le modèle, c'est Matteo
Renzi, et sa promesse choc de 10 milliards d'euros pour 10 millions d'Italiens,
sous forme de baisse d'impôts. Le jeune président du Conseil italien, dont il
faudra attendre les résultats, dispose d'un atout disparu chez nous :
l'audace.

Ségolène Royal, la ministre
de l'écologie, a déjà enclenché la marche-avant avec son annonce de remise à
plat de l'écotaxe.

Manuel Valls, soutenu seulement
par 41% des Français selon le baromètre CSA Les Echos, sait qu'il n'a plus le
temps, et qu'il lui faut déjà décoiffer et renverser la table.

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