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Quand Hollande convoque Jaurès... et deux nouveaux conseillers

En pleine crise avec sa majorité, le chef de l'Etat embauche deux nouveaux collaborateurs. Et se ressource chez Jaurès.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est la suite et la fin du
remaniement chaotique qui a suivi la bérézina municipale et l'éviction manu
militari d'Aquilino Morelle.

Le chef de l'Etat tente de
régler les deux maillons faibles qui plombent l'Elysée depuis 22 mois : la
relation avec des élus socialistes transformés en mutins.  Et la com.

François Hollande la méprise.
A tort. Elle aurait permis d'éviter bien des couacs. Le président vient d'attribuer
le poste à Gaspard Gantzer, brillant collaborateur trentenaire, passé chez
Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, puis Laurent Fabius au quai d'Orsay. Le
voilà donc aux commandes du navire amiral.

Le chef de l'Etat ne peut
être que rassuré par le pédigrée du nouveau venu : un énarque, issu de
la promotion 2004 Léopold Sédar Senghor, comme Emmanuel Macron le secrétaire
général adjoint de l'Elysée. Autant rester en famille. Ça rassure.

La deuxième recrue va s'occuper des élus.

"L'Elysée engage un
chômeur et se transforme en Pôle emploi", réflexion pas gentille entendue
dans les rangs socialistes. C'est encore officieux mais le président auditionne
aujourd'hui Vincent Feltesse, 47 ans, une gueule cassée de la politique. Il
a tout perdu. La communauté d'agglomération de Bordeaux, balayé par la vague
Juppé. La députation, le fauteuil a été récupéré par l'ex-ministre Michèle
Delaunay. Vincent Feltesse, qui a géré la campagne du candidat Hollande sur le
Web, aura la tâche sensible de recréer le lien avec les élus de la majorité
traumatisés par les municipales.

Et puis il y a ce troisième conseiller invité au
Château...

Il s'appelle Jean Jaurès. Le
chef de l'Etat est allé honorer sa mémoire à Carmaux, dans le Tarn, hier. Accueil
froid, voire désagréable, avec quelques sifflets à son arrivée. Rien en commun
avec l'allégresse qui avait prévalu au même endroit, il y a deux ans, quand le
candidat Hollande promettait de pourfendre la finance internationale et de
bouter Nicolas Sarkozy dehors. Le Chef de l'Etat, cette fois, a certes invoqué
le Jaurès futur fondateur de la SFIO, versé au socialisme après la grève des
mineurs, mais aussi le Jaurès II, au-dessus des partis. Plus proche au fond de
son camp républicain d'origine, cette gauche modérée et réformatrice, censée
parler à toute la France. Deux symboles se font face au final, le Jaurès
idéaliste et pacifiste, assassiné en 14, mais qui n'a jamais gouverné, de
François Hollande, face au Clémenceau de Manuel Valls, ancien président radsoc,
forcément belliciste, il fallait finir la guerre, à chacun son symbole. Il ne
reste plus qu'à faire la synthèse.

Pourquoi cette référence à Jaurès, plutôt que
Mitterrand ?

François Hollande va
s'emparer de l'Histoire comme d'un pansement. L'année se prête à ça. Jaurès lui
permet de replonger aux sources de cette gauche qui s'est détournée de lui, et d'envoyer
un message de courage, sans doute en direction de la France, mais surtout de sa
majorité qui traine des pieds pour voter le plan d'économies à 50 milliards,
qui fait l'objet d'interminables tractations. La patate chaude que Manuel Valls
doit gérer avant le vote mardi prochain.

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