Polynésie : l'incroyable retour de Gaston Flosse
"Papa Flosse", "Gaston", "le vieux
lion" ou, plus simplement "le vieux", voilà comment le
surnomment ses partisans comme ses détracteurs.
A 81 ans, cet intime de Jacques Chirac veut rempiler et
retrouver la présidence de la Polynésie française, à l'occasion d'une élection
dont le premier tour a lieu ce dimanche 21 mars. Son légendaire goût du luxe,
du pouvoir et des femmes en font le dernier nabab de la vie politique
française. De 1991 à 2004, il a présidé sans partage la collectivité d'outremer
autonome. Gaston Flosse fut aussi député, député européen, secrétaire d'Etat
chargé du Pacifique grâce à Jacques Chirac, et il est toujours sénateur.
Gaston Flosse, c'est aussi, surtout, l'un des hommes
politiques français les plus poursuivis. Récemment condamné pour prise illégale
d'intérêt, détournement de fonds public, trafic d'influence passif et
corruption active. Il s'est pourvu en appel et entend d'ici là retrouver une
nouvelle jeunesse par l'onction du suffrage universel. La jeunesse, dont il
assure s'entourer pour cette nouvelle bataille électorale.
"C'est vrai qu'à l'occasion des élections, tous les
leaders politiques lancent un appel aux jeunes. Nous sommes les plus jeunes,
demain c'est les jeunes, mais nous, nous le prouvons, surtout par les candidats
que nous présentons et nous faisons confiance aux gens, " déclare Gaston
Flosse.
Gaston Flosse est le grand favori
Selon le journaliste Gérard Davet, co-auteur de L'homme qui
voulut être roi, chez Stock, Gaston Flosse "vit et mourra pour la
politique", et dispose de talents stratégiques inégalés. Par ailleurs, il
préside le seul parti vraiment structuré de Polynésie, calqué sur le modèle de
l'UMP. Son retour à la présidence pourrait sonner la fin d'une instabilité
politique majeure : pas moins de 13 gouvernements en 9 ans. Enfin, son rival de
toujours, Oscar Temaru, est un indépendantiste, alors que les Polynésiens sont
attachés à la France et à ses subsides, et craignent la disparition de la manne
financière.
Oscal Temaru, qui veut que l'ONU reconnaisse la Polynésie
comme "pays à décoloniser", vient d'écrire à François Hollande à ce
sujet.
"Je lui ai rappelé le travail d'obstruction que fait
son ambassadeur à New York. Je considère cela comme un déni du droit des
peuples à l'autodétermination et il est temps pour le président de la
République de faire ce qu'il a dit pendant la campagne. Le changement c'est
maintenant et notre droit doit être respecté. La majorité de l'Assemblée
territoriale et le gouvernement de notre pays doivent nous soutenir. "
Un indépendantisme forcené pose problème à l'Elysée
Le parti d'Oscar Temaru a certes un accord électoral avec le
parti socialiste et pourtant, il se pourrait bien qu'en coulisse l'Elysée
souhaite la victoire de Gaston Flosse.
"L'Elysée est coincée entre la peste et le choléra. D'un
côté, un homme que François Hollande ne peut pas recevoir, Gaston Flosse, et de
l'autre Oscar Temaru qui a priori est plutôt socialiste mais qui a décidé de
mettre la Polynésie sur la liste des pays sous un joug quasi esclavagiste. Donc
l'Elysée préfère peut-être jouer la sécurité avec un homme dont on sait à quoi
s'attendre, " explique Gérard Davet.
Gérard Davet rappelle que la Polynésie française occupe une
position stratégique. Cette zone maritime de 5 millions de km2 est une
"porte d'entrée vers l'Antarctique et ses immenses réserves
naturelles ", dans une partie du monde où "la Chine devient
omniprésente ".
(Des propos recueillis par RFO et Polynésie Première)
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