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Plan d'économies : tout le débat se passe au PS

Manuel Valls doit calmer une majorité de plus en plus plurielle.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est l'aspect paradoxal, inédit, de la mutinerie qui a gagné les rangs du Parti socialiste depuis la défaite aux
municipales. Il ne se passe plus un jour sans qu'un parlementaire de la
majorité ne s'exprime, propose des idées, des alternatives aux difficiles
réformes engagées par le gouvernement. Depuis le remaniement, l'UMP est en mode
silence, disparue des écrans radars, le Front national se réserve pour les européennes. Quant au Front de gauche, il est inaudible : Jean-Luc
Mélenchon est concurrencé par l'aile gauche du PS, qui dit haut et fort ce
qu'elle pense, voire menace de ne pas voter le plan de François Hollande. Le Parti socialiste absorbe tout le débat politique.

Le plan tourne au jeu Des chiffres et des Lettres  ?

Tout d'abord les
chiffres : ils donnent le tournis ! Les 50 milliards d'euros à
trouver d'ici 2017 dépassent le coût annuel de la dette, 46,7 milliards. Si la
croissance n'est pas au rendez-vous dans les mois qui viennent, autant mettre
la clef sous la porte. Ce sont les annonces de Manuel Valls, mercredi dernier,
gel des prestations sociales, des retraites, du point d'indice des
fonctionnaires, qui ont provoqué la jacquerie qui a gagné les rangs de la
majorité.

Et vous en venez aux lettres...

La première, envoyée au
Premier ministre la semaine dernière, a fait grand bruit. Ses onze signataires,
qui représentent l'appel des cent parlementaires socialistes, n'ont pas aimé la
méthode, jugée brutale, de Manuel Valls, qui ne les a pas consultés. Pour eux, ce
ne serait pas 50, mais 35 milliards, et Bruxelles devra patienter pour ses 3%. Mais
le gouvernement ne cédera pas. Manuel Valls à Berlin s'est engagé à réduire les
déficits publics. Et il s'y tiendra.

Arrive alors la deuxième lettre.

Ou plutôt cette note révélée
dans le Monde , rédigée par Karine
Berger qui a planché tout le week-end de Pâques avec d'autres députés de la
commission des finances : elle propose de maintenir les 50 milliards, tout
en reportant d'un an, à 2016, le pacte de compétitivité pour les grands groupes,
qui peuvent déjà bénéficier du CICE. Les sommes économisées, 3 milliards, permettraient
d'éviter le gel des prestations. En résumé, satisfaire Bruxelles sans pénaliser
les ménages les plus modestes.

Ça peut passer ?

La copie sera présentée aujourd'hui
à Manuel Valls, qui va s'entretenir en tête-à-tête avec les mutins, laissera les
idées se multiplier et tout le monde s'égayer. Il a jusqu'à lundi pour y
répondre à la veille du vote à l'Assemblée. Séquence très sensible : le
Premier ministre, s'il veut trouver une majorité, fera sans doute quelques
concessions. Mais sans reculer. Sa forte popularité lui donne une certaine
légitimité. Manuel Valls respectera le dialogue, tout en tenant les engagements
de la France. C'est une question de crédibilité, pour lui, mais aussi pour la
France, de plus en plus désignée comme étant le mauvais élève à la traine de
l'Europe.

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