Plan d'économies : ça passe et ça casse pour Valls
Ca passe ou ça casse ? C'était la question, hier, à l'Assemblée nationale. Le résultat du vote est tombé après vingt heures. Finalement, ça passe et ça casse. Et c'est tout le
problème, pour Manuel Valls.
Sur
le papier, le premier ministre a gagné son pari. Il a obtenu une majorité de
gauche pour voter son plan d'économies. Sur 291 députés socialistes, 242 ont
dit oui. Manuel Valls est soulagé. Il
peut avancer.
Depuis
quinze jours, il s'en est bien sorti. Le 16 avril, il a pris tout le monde par surprise
en détaillant les 50 milliards d'économies, en annonçant des mesures
douloureuses. Quand une partie de la gauche a protesté, il a réagi. Il a
longuement reçu les députés. Il est allé les voir. Il a mis de l'eau dans son
vin. Il est revenu sur quelques mesures symboliques, comme le gel des petites
retraites. Il a montré qu'il écoutait la majorité sans renier l'objectif de
François Hollande, sans remettre en cause les fameux 50 milliards
Le
premier ministre jouait gros. Il le savait. Il l'a répété, hier encore, devant
les députés : " Ce vote est décisif. Il conditionne la légitimité du
gouvernement ".
Manuel
Valls en a fait une affaire personnelle. Il a mis en avant ses " tripes ",
son " cœur ". " J'assume ", a-t-il répété.
" Nous faisons des choix ".
Encore
une fois, hier, il a cité Pierre Mendès France. Pour une grande
partie de la gauche, "PMF" est un modèle, un symbole du courage en politique. Mais l'expérience a tourné court. Pierre Mendès-France a quitté Matignon après
seulement 7 mois et 17 jours. Je ne suis pas sûr que Manuel Valls rêve du même
destin.
Un chemin de croix
Pour le chef du gouvernement, les difficultés commencent. La première va venir très
vite. Au mois de juin, le parlement va examiner la loi de finances
rectificative. Le débat va être houleux.
Il faut bien comprendre ce qui s'est passé hier. C'est une étape majeure. Les
membres du gouvernement vont répéter que tout va bien, que la majorité est
unie, que le premier ministre est renforcé. Cette analyse est fausse, et cela
va bien au-delà des 41 socialistes qui se sont abstenus.
D'abord,
41 députés, c'est beaucoup. C'est 30 de plus que lors du vote de confiance, au début du
mois. Cela signifie que les inquiétudes grandissent, qu'elles ne se calment pas.
Manuel Valls a beau répéter qu'il défend la justice sociale, son camp est de
moins en moins convaincu.
Ensuite,
les lignes sont en train de bouger à l'intérieur du PS. Parmi les opposants au plan de François Hollande et de Manuel Valls, il y a
la gauche du parti, comme d'habitude. Mais pas seulement. Vous avez de plus en
plus de députés qui d'habitude suivent le gouvernement et qui sont en train de
changer. Quand ils rentrent dans leur circonscription, ils entendent leurs
électeurs. Ils voient à quel point
François Hollande est impopulaire. Ils
voient les impôts des ménages augmenter, le chômage
qui ne baisse pas. Pour l'instant, les résultats ne sont pas au
rendez-vous.
Voilà pourquoi ça passe et ça casse.... Oui, ça passe. Mais à
tout moment, ça pourrait casser. Le parti est divisé. De plus en plus de
députés socialistes posent la question très simplement : " Est-ce
pour ce programme que nous avons été élus ? " Pour
eux, la réponse est déjà dans la question.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.