Otages : la France a-t-elle changé de doctrine?
La France
n'a jamais été aussi dure que les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne qui ne
négocient pas et ne versent jamais de rançon en cas de prise d'otages. Il y a
toujours eu des discussions et parfois
de l'argent versé. Mais la semaine dernière, à Dubaï et lors de ses vœux à la
presse, François Hollande a fait preuve d'une fermeté inhabituelle.
"Vous
vous demandez ce qu'on va faire des terroristes si on les retrouvait? Les détruire.
Les faire prisonniers si c'est possible. Et faire en sorte qu'ils ne puissent
plus nuire à l'avenir. "
"Détruire
les terroristes, être ferme avec les preneurs d'otages" : tout indique que la France a changé de
doctrine. En fait cela remonte à il y a environ 2 ans. Après la mort de
plusieurs otages, enlevés au Niger et morts dans des circonstances assez
troubles après une tentative de libération par les forces spéciales françaises.
Depuis la doctrine de la France est plus offensive : pas question de
négocier une rançon, l'ancien ministre de la défense, Jean Pierre Chevènement :
"Chacun a compris qu'il n'y avait pas intérêt à céder aux exigences des
preneurs d'otages".
Ne rien
céder aux preneurs d'otages. D''après l'ancien ministre de l'intérieur Claude
Guéant, dans les faits la doctrine est un peu plus souple : "
Il y a eu des
négociations qui ont permis des libérations. On le fait quand c'est
possible. "
En fait la
position de la France dépend un peu des circonstances. Cette fois, avec les
prises d'otages au Mali ou en Algérie, les terroristes sont passés à un autre
stade, et François Hollande répond proportionnellement à la menace : voila
l'analyse de Eric Denécé, il est directeur du centre français de recherche sur
le renseignement et il parle d'une "logique de guerre " qui fait qu'aujourd'hui
"les otages qui sont enlevés ou vont être enlevés ont finalement une
chance encore plus faible de sortir..."
Et même
quand la France affiche la plus grande fermeté, les discussions se poursuivent
en coulisses pour tenter de libérer les otages, il reste 7 Français détenus au
Sahel et le ministre de la Défense, Jean-Yves
Le Drian reconnaît qu'il y a des négociations :
"On a des contacts..."
Il n'en
dira pas plus, car s'il n'est plus question pour l'Etat de verser une rançon, rien
n'empêche les canaux parallèles de fonctionner. Quatre des otages détenus au Sahel
sont des employés d'Areva qui négocie de son coté la libération des Français.
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