Noël Mamère a claqué la porte, les Verts biodégradables

Il ne décolérait pas hier, Noël Mamère, qui a comparé EELV à
"la Firme ", sobriquet jadis utilisé pour brocarder l'UMP version
Sarkozy. Pour le député-maire de Bègles, Duflot et Placé ont réussi à rendre
l'écologie biodégradable. La marche des Verts ressemble à une tragédie
shakespearienne, nourrie de jalousies et de trahisons. Le député-maire de
Bègles dénonce une minorité menée par Cécile Duflot "qui nomme et révoque
à sa guise ".

Pascal Durand en a fait les frais. Le secrétaire national du
parti a eu l'outrecuidance – vous rendez compte- de lancer un ultimatum à
François Hollande sur la transition énergétique, avant la Conférence
environnementale. L'Elysée et Matignon n'ont pas apprécié la séquence. La
ministre Duflot a donc mis un terme à la carrière de cet insolent à la tête des
Verts. La direction du parti a déjà fait fuiter le nom de celle qui devrait lui
succéder, déjà nommée avant le congrès prévu à Caen fin novembre. Emmanuelle
Cosse, ex-responsable d'Act-Up, vice-présidente du conseil régional
d'Île-de-France, chargée... du logement, est un soutien inconditionnel de Cécile
Duflot. Mieux vaut rester en famille. Le "fusible" Durand devrait
hériter d'un lot de consolation, la tête de liste francilienne aux Européennes.
Le tout décidé à huis-clos dimanche, c'est beau la démocratie interne.

La vraie patronne des
Verts, c'est Cécile Duflot ?

Incontestablement oui. La jeune et brillante ministre du
logement a du charisme et de l'humour à revendre. C'est elle, la plus douée de
sa génération, qui règne sur le parti, avec un Jean-Vincent Placé à la
manœuvre : le Mazarin vert a su négocier avec le PS pour transformer les pauvres
2% d'Eva Joly en un groupe fort de seize députés à l'Assemblée. Tout cela a un
prix : les écologistes sont devenus les supplétifs du Parti socialiste. Leur " retenez-moi
ou je fais un malheur " sur les sujets qui fâchent a toujours tourné
court, les places distribuées par le PS sont si bonnes.

 L'esprit de Dany Cohn-Bendit a vécu ?

Le succès d'Europe Ecologie les Verts aux européennes de
2009,  un lointain souvenir, s'est dissout
dans l'élection de François Hollande. A l'origine, ce sont les associations
écolos, les ONG, sous la bannière de l'Alliance pour la planète, qui ont initié
le Grenelle de l'environnement de Nicolas Sarkozy, et fondé EELV, avec
l'emblème Dany en tête de gondole. Les historiques pensaient qu'ils allaient dompter
les Khmers Verts. C'est l'inverse qui s'est produit. " Le mouvement est
aujourd'hui dans l'égologie ", se désole un ancien.

L'écologie est-elle
de gauche ?

Oui, c'est bien là tout le problème. L'écologie politique
est censée militer pour un nouveau modèle de société durable, fondée sur le
respect de l'environnement et la préservation de nos ressources. Une priorité
qui devrait impacter toutes les politiques publiques, quelle que soit la
majorité en place. Il n'en est rien, l'ancrage idéologique des Verts est à
gauche. Alors que des personnalités comme Chantal Jouanno au centre ou Alain
Juppé à droite devraient être des partenaires fréquentables. C'est un signe, Jean-Marc
Ayrault viendra clore demain ces journées parlementaires. François Hollande est
en train de faire subir aux écologistes ce que François Mitterrand a jadis
infligé aux communistes. L'écologie est devenue soluble dans la politique. La
carrière chez certains leaders des Verts passe avant l'urgence planétaire.