Municipales à Nantes : les écolos en solo dans la ville d'Ayrault
Dans la grande volière du Parti socialiste, l'oiseau nantais
fait figure d'espèce rare. Ici pas de guéguerre, pas d'échanges aigre-doux
entre courants ou entre barons du moins pas trop fort. Jean-Marc Ayrault,
ex-maire de la ville, a eu 25 ans pour modeler ses camarades nantais,
contrairement à ses ministres. Et c'est un PS bon soldat qui s'est rangé
au garde à vous pour propulser celle que l'hôte de Matignon a choisi comme
dauphine : une jeune femme de 34 ans, Johanna Rolland qui fut son attachée
parlementaire et qui est actuellement première adjointe. Elle récuse toutefois
le terme de succession. Pour elle c'est un changement de génération :
"L'enjeu pour nous aujourd'hui, il est d'écrire une nouvelle page pour
Nantes. Moi je crois qu'être fidèle à une histoire, c'est aussi assumer de ne
pas la reproduire. C'est donner un nouveau souffle ".
Nouvelle page politique
Nantes, c'est depuis 1989 le laboratoire, la couveuse de
l'alliance rose-verte. C'est la méthode Ayrault, celle qu'il a voulu reproduire
au gouvernement : le rassemblement à gauche. Et en particulier avec les
écologistes. Ils font traditionnellement liste commune à Nantes avec le
parti socialiste. Ce qui a permis jusqu'ici à la gauche de prendre la
mairie au premier tour.
Mais cette fois, les militants écolos ont décidé de faire
cavalier seul. Le soir même du débarquement de Delphine Batho du gouvernement,
ils ont décidé à 94% de s'émanciper, comme dans une dizaine de grandes villes :
Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg et d'autres. Depuis son beau
bureau tout blanc qui donne sur les jardins de l'hôtel de ville de Nantes,
Johanna Rolland, première adjointe et dauphine de Jean-Marc Ayrault y voit la
main de la direction nationale d'Europe écologie les verts : "Je trouve
très dommage que des considérations nationales et tacticiennes l'aient emporté.
Nantes doit se jouer ici, pas dans les appareils à Paris. Ensuite, ma porte
reste ouverte si il s'agit de parler de l'avenir de Nantes et de ce que nous
devons faire pour les Nantaises et les Nantais ".
La toute nouvelle tête de liste écolo, Pascale Chiron,
trentenaire comme Johanna Rolland et également adjointe au conseil
municipal y voit au contraire une aspiration profonde qui a pris racine
localement : "On a toujours fonctionné de la même manière : le national
donne une orientation; le groupe local vote et le vote du groupe local est
souverain. C'est la vie des partis politiques que de se présenter. Et moi je me
suis présenté pour la première fois en pour les élections cantonales 2004. On
a vu a vu à chaque fois nos scores progresser. Donc oui, aujourd'hui, on
souhaite porter davantage ce projet parce qu'on sait qu'on est attendus ".
Sur les bords de Loire, il y a une autre composante dans la
majorité municipale : le PC. Son responsable départemental, Eymeric Seassau,
observe la situation un brin sarcastique : "Les verts dans ce département,
c'est un peu les enfants gâtés de la gauche, il y a des coups de force, des
petits caprices de temps en temps, ça ne nous étonne pas, on verra où on en
sera à l'arrivée. Nous condamnons la politique d'austérité qui est menée
actuellement par le gouvernement Hollande-Ayrault, mais ce que nous remarquons
c'est qu'ici, on ne fait pas l'austérité dans cette ville. Donc mobilisons la
gauche et on verra ce que nous pourrons construire pour ces élections ".
La droite en désordre
Pour l'instant, l'UMP nantaise est en mauvais état : un
antagonisme fillonistes-copéistes mal digéré, doublé d'un parachutage qui ne
passe pas. En effet, l'ancienne secrétaire d'Etat Marie-Anne Montchamps,
actuellement conseillère municipale en région parisienne, a déboulé sous les
murailles du château des ducs en proclamant en quelque sorte que la nature a
horreur du vide politique : "L'UMP locale a vécu une très longue période
d'affrontements sans succès avec la gauche. Et d'ailleurs il faut rendre
hommage aux militants et aux élus, mais qui ont évidemment payé le prix très
lourd de ces combats. Et aujourd'hui ce qu'on constate, c'est qu'on n'a pas de
solution qui se dégage localement. Et je pense qu'on peut le regretter ".
Larmes de crocodile, accusent les conseillers municipaux
implantés qui ne veulent pas plier. Du coup, la commission d'investiture de
l'UMP a suspendu sa décision à un futur sondage pour savoir qui serait le
meilleur candidat. Mais quelque soit la décision finale, chaque camp
laisse planer la menace d'une liste dissidente. De quoi laisser espérer à la
gauche qu'au pire, elle devrait en passer par un deuxième tour aux élections
municipales. Si tel était le cas, elle devrait cette prolongation en
grande partie à elle-même.
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