Montebourg/ Arcelor : une crise gouvernementale évitée de justesse
Grosse tension ce week-end au sommet
de l'Etat. D'un côté Arnaud Montebourg, héraut de la démondialisation pendant la
primaire socialiste devenu au sein du gouvernement le grand défenseur de
l'interventionnisme d'Etat. De l'autre, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre
attaché à la négociation, à l'Etat arbitre plutôt qu'acteur. Entre les deux, une
méfiance, voire une inimitié. "Arnaud Montebourg est incontrôlable" ,
juge-t-on depuis longtemps, depuis toujours à Matignon. "Ayrault s'est
comporté comme un capitaine d'aviation qui bombarde ses fantassins, ce qu'il a
fait est minable ", juge de son côté l'entourage du ministre du Redressement
productif.
- Car l'inimité entre les deux
hommes a viré au cinglant désaveu vendredi soir
Très solennel et face caméra,
Jean-Marc Ayrault éreinte son ministre: la nationalisation temporaire de Florange,
ça n'est pas efficace. Pire des proches du Premier ministre murmurent à
l'oreille de la presse que le repreneur dont ne cesse de parler Arnaud Montebourg
n'est pas fiable. Le ministre est furieux et il
faut un rendez-vous samedi matin avec François Hollande, et un communiqué de
Matignon dans l'après-midi, pour le dissuader se démissionner: "J'ai
décidé de rester à mon poste de travail et de combat."
Arnaud Montebourg sur TF1 qui
fait mine de ne renoncer à rien : oui, la nationalisation peut encore se faire
si Mittal ne tient pas ses promesses et non, il n'est pas le ministre de la
parole, répètent en boucle les ténors de la majorité à l'image du président de
l'Assemblée Claude Bartolone.
Arnaud Montebourg, dont
l'activisme a finalement servi dans le bras de fer avec Mittal. La
nationalisation n'ayant été qu'un chiffon rouge agité pour faire peur au
sidérurgiste. Cette version fait du ministre du Redressement productif un idiot
utile. Peut-être. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que François Hollande
trouve bien utile Arnaud Montebourg, et ce depuis le début, dans la négociation
avec Mittal comme pour capter l'électorat de gauche.
- A droite, on juge qu'Arnaud
Montebourg a fait de la pure communication
Et on se gausse du
"ministre de la parole ". Dans l'ordre Fillon, Copé, la "filloniste"
Aurore Berger et l'ex-ministre de l'industrie Patrick Devedjian.
La droite, qui observe avec
délice le retour de la guerre des deux gauches, culture du compromis contre interventionnisme
étatique, sur fond de virage social-libéral engagé par François Hollande.
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