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Mais pourquoi parlons-nous toujours de remaniement ?

Jean-Marc Ayrault fait l'objet d'incessantes rumeurs de départ de Matignon. La période électorale n'arrange pas les choses.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

D'abord, pour bien comprendre
à quel point rien n'est arrêté, voici cette réflexion d'un visiteur habituel de
l'Elysée. Que dit-il : " tous ceux qui viennent voir François sont
toujours récompensés de leurs attentes, après leur rendez-vous avec lui.
Ceux qui veulent que rien ne bouge ressortent en disant : ouf, rien ne va
changer. Et ceux qui veulent au contraire que ça bouge, se disent : ça y
est, c'est fini pour Jean-Marc Ayrault, ça va déménager ".

Le président François
Hollande en fait n'a pris... aucune décision

D'où est partie la nouvelle
rumeur d'un changement imminent de gouvernement ? Peut-être de la récente visite
de François Hollande en Tunisie. Quand Bertrand Delanoë, qui voyageait avec lui,
a plaidé  pour un remaniement, et vite. L'encore-maire-de-Paris
n'est pas le seul à le dire. Laurent Fabius est sur la même ligne. Ainsi qu'Arnaud
Montebourg et Manuel Valls, les deux ambitieux ministres les plus actifs sur le
terrain et dans les médias, qui se verraient bien en haut de l'affiche,
Matignon, ou pourquoi pas l'Elysée en 2017. La rumeur a rebondi lundi quand le
journal L'Opinion a titré : " Bartolone se prépare ". Eclat de
rire du président de l'Assemblée nationale : " je ne suis candidat à rien.
Quel est l'ennemi qui me veut du mal " ?

Tout le monde s'agite avant les municipales ?

Le PS redoute " une tôle
aux élections ". Et bon nombre de socialistes, ministres, parlementaires,
s'agitent en se disant que le remaniement serait le meilleur moyen de l'éviter.
Pour les municipales, c'est trop tard. Pour les européennes, difficile
d'imaginer un François Hollande réagissant sous la pression, et prenant le
risque de griller sa cartouche entre deux scrutins.

Le chef de l'Etat ne va pas
non plus changer de gouvernement au moment où il élabore son plan de 50
milliards d'euros d'économies. Ses ministres commencent à être à peu près
opérationnels, le président leur fera supporter la douloureuse avant de les
remercier.

Comment Jean-Marc Ayrault vit ce moment
difficile ?

Le Premier ministre encaisse,
semaine après semaine, cible de l'opposition, lors des séances de questions au
gouvernement, mais aussi de son propre camp, qui lui reproche des décisions,
comme le recul de la loi famille, pourtant prises à l'Elysée. Vous y ajoutez
le rouleau compresseur médiatique. Mention spéciale pour la une du Point "les sous-doués au
pouvoir
", illustrée par la photo du seul Premier ministre, merci pour lui.
N'en déplaise aux impatients, Jean-Marc Ayrault a toujours la confiance du
président, de la majorité du PS et des Verts. Au fond, rien ne change sous la
Vème République. François Fillon a duré cinq ans, malgré les spéculations et le
bal des prétendants.

François Hollande, pour
l'instant, attend le résultat des élections pour savoir s'il faut changer
d'équipe. La séquence lui permet de tester les nerfs des uns et des autres,
comme le faisait jadis François Mitterrand. Et de voir qui tiendrait vraiment
la route s'il lui prenait l'envie de changer de Premier ministre, un jour. Seul le président sait. S'il
le sait.

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