Les relations complexes, voire complexées, entre la gauche et l'argent
Dans
les années 20, le cartel des gauches dénonçait le "mur de l'argent". Plus
proche de nous, en juin 71, Mitterrand enflamme le congrès d'Epinay en prônant
la rupture avec "l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui
écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, l'argent qui pourrit jusqu'à la
conscience des hommes" et encore plus récemment, l'actuel président,
François Hollande, qui en juin 2006, face à Michelle Alliot-Marie, fait une
confidence face caméra : "Je n'aime pas les riches ". Une confidence
regrettée depuis.
Pendant la campagne présidentielle, l'an dernier, François Hollande
rétropédale : "Cette formule était finalement trop rapide". Ce que
j'apprécie c'est le talent, le travail, le mérite, ce que je n'accepte pas
c'est la richesse indécente ". François Hollande, qui se fend néanmoins de
formules choc, lors du fameux meeting du Bourget, fin janvier 2012 : "Je
vais vous dire qui est mon adversaire. Mon adversaire c'est le monde de la
finance. "
La gauche qui aime les gens, la gauche qui juge que le
profit, "c'est mal", caricatural, bien sûr et pourtant en période de
crise, et alors que des efforts sont demandés aux Français, il n'est pas facile
d'étaler sa propre aisance au grand jour. Du coup, ministres et responsables
socialistes tentent de ramer en sens inverse.
Les valeurs
"Il y a eu des gens riches qui ont été de gauche et
qui ont été des grands responsables de gauche. Il y a eu des gens pauvres qui
ont été aussi de gauche et qui ont été de grands responsables. L'engagement c'est
d'abord la sincérité dans les valeurs que l'on porte ", déclare Stéphane
le Foll, ministre de l'Agriculture.
Parmi ces valeurs, justement, la lutte contre les inégalités
y compris de naissance. Une valeur fondatrice à gauche, rappelle la ministre écologiste,
Cécile Duflot : "Au cœur du logiciel de la gauche il y a le partage
des richesses. C'est un sujet très important mais cela ne veut pas dire que l'on
ne peut pas être riche ou moins riche. Cela veut dire que l'on veut
redistribuer et faire en sorte que les inégalités de naissance ne soient pas inévitables
tout au long de la vie. "
Etre riche et de gauche, n'est donc en rien une contradiction,
affirme le porte-parole du PS David Assouline : "C'est tout à l'honneur
de gens qui ont un certain patrimoine d'être dans un gouvernement qui lutte
pour que ceux qui ont plus payent plus. C'est le combat de ceux qui veulent qu'il
y ait une justice et une équité dans la société. "
"Ma capacité de révolte n'est pas indexée sur mon
niveau de patrimoine ", déclare la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine
dans les colonnes du Parisien . "Ce n'est pas un mal d'être riche "
renchérit une jeune ministre moins fortunée, pour qui "la question est
peut-être générationnelle ". "Le plus pauvre n'est pas forcément le
plus vertueux ", conclut une troisième, "ni le plus riche forcément le plus malhonnête ".
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