Le vendredi, c'est Renzi
Vous avez remarqué combien François Hollande aime à s’afficher avec le président du conseil italien ! Bras-dessus, bras-dessous samedi dernier dans les jardins de l’Elysée. Ce bel affichage devrait se prolonger aujourd’hui au Conseil Européen réuni à Bruxelles pour désigner l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker comme futur patron de la Commission.
Il faut dire que Matteo Renzi, 39 ans, incarne tout ce dont rêve notre président à nous : le dirigeant de centre gauche pleinement assumé, celui qui ose tout, le clame haut et fort, et gagne en plus les élections. Ses annonces musclées - suppression de 85 mille fonctionnaires et plan de 32 milliards d’économies - ne l’ont pas empêché, avec le Parti Démocrate, de remporter les européennes dans la foulée et haut la main avec 40,8 % des voix.
De quoi faire des jaloux ! Et donner la nausée à notre exécutif qui rame avec son pacte pour les entreprises, contesté dans les rangs mêmes du PS. Ou encore sa réforme territoriale déjà en panne au Sénat. Les Français ont tourné le dos au président qui leur avait promis un "changement dès maintenant" qu’ils ne voient toujours pas venir. Alors que les Italiens se sont pris de passion pour leur fougueux président du Conseil, qui a leur promis une réforme par mois, a passé des accords y compris avec le diable Berlusconi pour dépoussiérer les institutions, et a annoncé la couleur en cas d’échec : "si ça ne marche pas, je m’en vais".
Empêcher la constitution d’un axe entre Berlin et Rome
François Hollande mise gros sur Matteo Renzi. Il n’avait pas le choix, raconte une source diplomatique. Angela Merkel, irritée par son partenaire français, mauvais élève de l’Europe, voulait se rapprocher du jeune italien symbole du renouveau. François Hollande a donc fait en sorte d’empêcher la constitution d’un axe entre Berlin et Rome, et de ne pas laisser Renzi s’emparer du leadership social-démocrate, lui qui prendra au premier juillet la présidence tournante de l’Union. Ça tombe mal pour le président français qui veut défendre son agenda pour la croissance et le changement, réplique deux ans plus tard du pacte de croissance dont les effets ont été noyés dans la récession.
Les deux hommes ont quand même des points communs. Outre leur couleur politique, sociale-démocrate, une bonne dose d’humour, pas inutile quand il s’agit de négocier au niveau européen. Tous deux sont sur le point de s’asseoir, l’air de ne pas y toucher, sur la sacrosainte règle des 3%. Enfin, et ce n’est pas le moindre des aspects de cette amitié nouvelle, même si les Français se désintéressent de la politique : si François Hollande pouvait, ne serait-ce que de manière subliminale, profiter de l’effet Renzi, ce serait toujours ça de pris.
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