Le Pen : le retour du père dans la campagne

Sa fille a voulu imprimer sa marque, donner un nouveau visage au FN. La candidate parle moins de sécurité et d'immigration et met l'accent sur les questions économiques et sociales. Mais depuis un mois environ, Marine Le Pen revient sur le terrain traditionnel du parti.

Et Jean-Marie Le Pen y est surement pour quelque chose, lui qui reproche à sa candidate de fille d'avoir un peu trop négligé les fondamentaux du courant. D'autant que Nicolas Sarkozy se place sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration : "Je m’attendais à une campagne beaucoup plus originale ; si sa campagne (celle de Nicolas Sarkozy, ndlr) ça consiste avec M.Buisson à reprendre les vielles ornières pour essayer de disputer la clientèle du Front national, il se trompe".  

Du coup, le Front national a intérêt à marquer clairement sa différence, pour conserver son électorat. Un proche explique qu'avec Marine, l'ex-numéro 1 du parti est le seul à pouvoir remplir des salles. Même si Steeve Briois, secrétaire général du FN, essaye de banaliser la place que le président d'honneur Jean-Marie Le Pen prend dans la campagne : "Lui, comme d’autres, il mène campagne, il est invité comme d’autres porte-paroles dans les médias ; je pense qu’on s’attache beaucoup à la forme alors qu’on devrait s’occuper du fond".

Bruno Gollnisch, député européen FN, représentant de l'aile la plus radicale du parti explique que l'investissement de Jean-Marie Le Pen dans la campagne est logique : "Il a toujours épaulé Marine de façon extrêmement loyale ; il fait un certain nombre de réunions souvent d’ailleurs dans la discrétion".

L'ancien candidat est plus visible ces derniers temps. Réclamant un duel à Jean-Luc Mélenchon, il annonce aussi deux meetings en mars. A Marseille, dimanche, il est monté sur scène pour embrasser Marine, symbole d'unité.
Le chercheur Sylvain Crépon, vient d'écrire "Enquête au cœur du nouveau Front National". Pour lui la dédiabolisation voulu par Marine Le Pen montre ses limites, ce qui explique que le FN sorte la carte Jean-Marie Le Pen : "La fille joue la gentille et Jean-Marie Le Pen joue le méchant [….] c’est lui qui dirige les finances du Front national ; on ne peut pas le mettre de coté comme ça" .     
Alors, le FN lui passe tout, notamment son énième dérapage, il a récemment cité l'écrivain collaborationniste Robert Brasillach.