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Le pacte de François Hollande aura-t-il un impact ?

Le dispositif censé relancer le quinquennat oppose l'exécutif au patronat, avec un bras de fer américain très remarqué.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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N'a-t-il pas déjà du plomb dans l'aile ?

La question est sur la table depuis que Pierre Gattaz,
qui n'était pas victime d'un jetlag ,
a dit la messe depuis Washington, même s'il a rétropédalé depuis : les contreparties
aux allègements de charges, il n'en veut pas, ce n'est pas sa religion. Le
patron des patrons, comme le faisait son père jadis, a tenu dans un premier
temps un langage vérité : pour le président du CNPF - pardon du Medef-, les nouvelles embauches voulues par François Hollande pour inverser la
courbe du chômage ne peuvent dépendre que de la conjoncture et de la
croissance. Ce n'était pas une bourde, ni le décalage horaire, comme l'a dit un
Jean-Marc Ayrault ironique, mais Pierre Gattaz a voulu remettre les pendules à
l'heure, et tant pis s'il a pollué la ballade américaine de François Hollande.

Ce qui a énervé l'exécutif.

" Les patrons n'ont pas intérêt à jouer aux cons ", prévient
un proche du chef de l'Etat. Du coup, Pierre Gattaz, qui découvre les subtilités
du combat politique, a été prié d'arrondir les angles à l'atterrissage à San
Francisco, en concédant qu'il pouvait y avoir " des engagements
chiffrés ". Mais ça ne change rien sur le fond : pas question pour
les patrons de se laisser dicter des quotas en matière d'emploi, contraires aux
lois élémentaires de l'économie et du marché. Le problème pour le chef de
l'Etat est qu'il ne peut plus se permettre d'attendre le bon vouloir de
Monsieur Gattaz. Il lui faut du concret, et rapidement. Quinquennat oblige,
nous avons changé de rythme. " J'aimerais
que François raisonne à six mois, mais nous sommes plutôt sur quinze jours, il
veut toujours aller vite, trop vite ", se désole un proche collaborateur.
Le chef de l'Etat n'a plus le choix : c'est le pacte, sinon rien.

Le calendrier de négociations se dessine.

Mais oui, il faut avancer, sortir
du virtuel ! Patronat et syndicats se verront dans quinze jours. Michel
Sapin le ministre du travail parle de quatre paquets dans la négociation : baisse des cotisations, fiscalité, simplification, et les
contreparties qui font débat. Le tout appuyé par un plan d'économie à cinquante
milliards au moins, vous en ajoutez six selon la Cour des comptes, la facture
s'allonge déjà.

La copie est attendue... fin mars, juste
après les municipales. Alors que le CICE, dont le démarrage est lent, monte à
peine en puissance. Certains chez François Hollande lui conseillent de s'en
débarrasser. Trop tard, le dispositif est lancé.

Nous sommes comme dans le film Un Jour sans Fin ,
où la même journée recommence sans cesse : le pacte se veut être un
nouveau départ, vingt mois après l'élection, comme si le quinquennat venait à
peine de débuter. Un ami du président l'avoue : " François attend en
fait le retour de la croissance américaine, ça finira bien par arriver ". Crédit
d'impôt ou pacte, peu importe, le rafiot finira bien par remonter. Tout un
programme

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