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Le gouvernement menacé d'un grand soir fiscal

Le gouvernement fait un pas en arrière face à la révolte fiscale et se retrouve une fois plus dans la tourmente. Mais la droite n'a pas de leçon à donner en la matière.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Nous éviterons ce matin de
nous attarder sur la métaphore de la tempête qui souffle autant sur la Bretagne
que sur l'exécutif, traduisant l'exaspération des Français. Le gouvernement a
beau jouer sur les mots : il est sans doute " l'écoute", comme
l'a dit Pierre Moscovici le ministre de l'économie, mais c'est bel et bien une "reculade"
qui a été opérée ce week-end. La taxation de 15,5% des PEA, PEL et de l'épargne
salariale était une évidence en milieu de semaine dernière, avant de passer à
la trappe hier. Seule une partie de l'assurance-vie reste dans le collimateur.
La jacquerie bretonne contre l'écotaxe et son cortège de violences soulignent
la résistance croissante des Français face à l'impôt, et une montée en force de
la radicalité face aux forces de l'ordre. Le pouvoir redoute le jour où les
différentes formes d'expression de la colère antifiscale pourraient faire le
lien entre elles. Le spectre des grandes grèves de 95 contre le plan Juppé
n'est plus très loin.

L'ensemble de la classe
politique est à l'index ?

C'est le comble de cet impôt
qui a conduit la paysannerie bretonne à se soulever samedi : l'écotaxe a
été votée sous Nicolas Sarkozy, dans le cadre du Grenelle de l'environnement.
Et que disent les UMP sondés après les violences de ce week-end ? Nous n'y
sommes pour rien, cette taxe n'est plus d'actualité et date d'une période où
l'agroalimentaire était rentable. L'ancienne majorité, plutôt versatile, avoue
implicitement qu'elle procédait de la même manière que l'actuelle, en taxant
tous azimuts un secteur d'activité sous prétexte qu'il y a du gras. L'ancienne
ministre du budget Valérie Pécresse va déposer aujourd'hui une proposition de
loi constitutionnelle, destinée à figer un impôt pendant cinq ans, et empêcher toute
rétroactivité. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? La droite fait mine
d'oublier que la pression fiscale n'a cessé d'augmenter ces deux dernières
décennies. Un Nicolas Sarkozy réélu aurait été obligé lui aussi de charger la
barque. Et un Front National aux affaires n'échapperait pas à la règle, les
caisses étant désespérément vides pour tout le monde.

Le débat fiscal devient incontrôlable ?

A qui la faute ? Le feu
couvait depuis de longues années. Pierre Moscovici aura joué au pompier
pyromane en évoquant fin août " le ras-le-bol fiscal " des Français.
La droite s'y engouffre sans vergogne. Mais le ressentiment des Français à ce
sujet est ancien. Quel politique fera un jour campagne en reconnaissant qu'une
hausse massive des impôts est
inéluctable pour redresser notre pays ? Il ne sera jamais élu. La
France n'a toujours pas de pétrole, mais n'a plus d'idée. Seulement des dogmes.
Et des prélèvements.

Le système a depuis
longtemps dépassé sa limite...

La seule arme contre le
naufrage est de " taper " ce qui est encore visible : les
ménages, les entreprises. L'emballement fiscal va générer l'explosion de son
corolaire, l'économie souterraine. La situation globale du pays devient peu à
peu incontrôlable pour un François Hollande, dépendant
de résultats qui ne viennent pas. Plus ils vont tarder, plus les risques vont
augmenter. Le grand soir social, qui n'a pas eu lieu, est en passe d'être
supplanté par un grand soir fiscal qui s'exprimera de toutes les façons dans
les urnes.

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