Le blues du rapporteur général du budget, le soir, sur son blog
Il s'agit de Christian
Eckert, un homme qui compte dans le dispositif parlementaire. Le rapporteur
général du budget à l'Assemblée nationale tient sur son blog un langage vérité
inquiétant : "Le débat sur la fiscalité est devenu complètement
irrationnel. Tout cela est de notre faute. Nous n'avons pas été bons sur les
messages envoyés à nos concitoyens depuis dix-huit mois" .
L'aveu de ce député
de Meurthe-et-Moselle réputé pour sa dureté est un choc. Christian Eckert, qui
s'exprime tel un repenti, regrette que la gauche n'ait pas dit, très fortement,
dès son arrivée au pouvoir, la gravité de la situation financière du pays. A la
manière d'un François Fillon qui avait osé lâcher un jour de déprime, lors d'un
déplacement en Corse à la rentrée 2007 : "Je suis à la tête d'un
état en faillite" . Ce qui n'a pas empêché le creusement des déficits et
de la dette, la crise aidant.
Un quinquennat plus tard, la situation a empiré, les Français le
savent ?
François Hollande aurait dû
marteler, plus qu'il ne l'a fait, que les deux années à venir allaient être
terribles, laisse entendre le propos d'Eckert. Les mots du chef de l'Etat sur
la sortie de crise ou sur l'inversion de la courbe du chômage, jugés trop
optimistes, ont généré de l'angoisse. Plus personne n'a foi en ce président qui
plonge dans le dernier baromètre BVA l'Express France Inter , faisant de
lui le plus impopulaire de la Vème République. Le chef de l'Etat sait qu'il va
devoir boire le calice jusqu'à la lie. Sa visite aujourd'hui en Slovaquie, une
bouffée d 'oxygène, laisse son Premier ministre seul dans l'enfer de l'écotaxe.
La décision attendue ce matin à Matignon sera forcément la plus mauvaise :
supprimer la taxe serait synonyme de faiblesse. La maintenir en l'aménageant, ce
qui se profile pour le moment, va braquer un peu plus les paysans bretons.
Jean-Marc Ayrault devra trouver les mots pour le dire.
Christian Eckert avoue également un manque de réalisme
des socialistes.
"Devenu parti au
pouvoir, le PS comme les élus se cherchent ", reconnait le rapporteur
général du budget. La critique, formulée de façon bien aimable, pointe le manque de professionnalisme et de
discipline d'un grand nombre de ministres et de députés. Le Premier ministre lui-même
n'avait-il pas affirmé il y a un an que "neuf Français sur dix ",
seraient épargnés par les nouvelles hausses d'impôts en 2013 ? Pour
Christian Eckert, les quelques succès enregistrés sont balayés par l'absence de
message cohérent et la multiplication des polémiques. A qui la faute ? Une
ministre confiait récemment : "Les députés qui nous accablent avec
le ras-le-bol fiscal sont les mêmes qui nous ajoutent de nouveaux impôts ".
C'est du grand n'importe quoi.
Les Français ont les nerfs à vif : le
gouvernement peut de nouveau reculer sur la fiscalité ?
La question de la pause
fiscale est sur la table. Même la taxation de l'assurance vie va faire l'objet
d'une discussion sur l'opportunité de son maintien. Un halte-au-feu fiscal
général permettrait d'ôter de la pression dans le pays, mais le gouvernement en
a-t-il les moyens ? Il ne resterait alors que la taxe à 75% appliquée au
foot qui permettrait à François Hollande de montrer ses muscles, et de sortir
par le haut d'une bataille dont il est, pour l'heure, le grand perdant.
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