La crise profonde de leadership à droite
Il n'y
aura pas de gâteau d'anniversaire même si l'ancien président a soufflé hier ses
cinquante-neuf bougies, âge symbolique qui fera de lui un candidat sexagénaire s'il
décide d'y retourner. Ce rituel organisé tous les trois mois, pour lui et sans
lui, au restaurant l'Entre-Amis au cœur de Paris, prend un tour particulier. Il
vient clore à distance le Conseil national d'une UMP enfermée dans une obsession,
qui occulte tout débat interne sur le projet: faut-il oui ou non organiser une
primaire pour la présidentielle ? Vous y ajoutez la photo surprise de
Nicolas Sarkozy sur le Net la semaine dernière : cela s'appelle chez les
militaires la stratégie de la tenaille. La quarantaine de conjurés attendus
autour de Brice Hortefeux, copéistes ou fillonistes, ont tous en commun d'avoir
été reçus au 77, rue de Miromesnil. Comme si les écuries ne comptaient plus, comme
si l'UMP avait perdu sa boussole, à un moment où l'extrême droite descend dans
la rue, sous la baguette du Printemps Français. La droite traditionnelle qui
devait incarner l'opposition et s'emparer du débat sur la Nation et l'identité
française reste inaudible. Difficile pour ce parti si bonapartiste de savoir
comment il traversera sa crise de leadership.
Il y a pourtant un président à la
tête de l'UMP ?
Jean-François
Copé, élu certes dans la douleur face à François Fillon, assume aujourd'hui
pleinement sa fonction. Mais c'est une question d'ADN : les Gaullistes, et
leurs descendants, ne fonctionnent qu'avec l'idéal du chef naturel qui s'impose
à tous, et dont la légitimité ne dépend pas d'un scrutin interne. C'est
d'ailleurs pour cela que le principe de la primaire passe si mal. Il faut
rappeler qu'à la source de l'UMP, il y avait l'UNR, l'Union pour la nouvelle
République, fondée en 1958 afin de soutenir l'action du général de Gaulle, devenue
par la suite l'UDR, puis le RPR et enfin l'UMP en 2001, parti bicéphale, avec
un partage des tâches bien défini : aux gaullistes le fonctionnement doigt
sur la couture, et aux centristes les idées. A chaque étape de l'histoire de
cette formation, il y aura eu un chef naturel incontesté, De Gaulle, puis Pompidou,
Chirac, Sarkozy. Ils auront plus compté, à l'inverse du PS, que la trame idéologique. Ce
profil est toujours incarné par Nicolas Sarkozy, qui a réussi le tour de force, depuis une décennie, de faire tourner le débat politique autour de lui.
Il y a pourtant d'autres
prétendants au sein de l'UMP !
Ils veulent
entraver le retour du leader naturel et sont équipés de ce que le député de la
Marne Benoist Apparu appelle la mallette
du candidat, à savoir : effectuer un tour de France, réunir ses amis dans
un club, chercher le soutien des parlementaires. Ce triptyque permet de glaner
quelques points, et de négocier au mieux un ministère, mais pas de concourir à la
fonction suprême. Le leadership chez les Gaullistes résulte d'un plébiscite,
pas d'une élection classique.
Il
n'en reste que deux, au final.
Seuls Nicolas
Sarkozy, champion des sondages, mais aussi Alain Juppé, qui ne se présentera
pas contre lui, mais dont la stature de recours est incontestée, disposent de
l'ADN UDR. Tous deux évitent d'évoquer publiquement 2007 : faire campagne
à trois ans de l'échéance, avec zéro point de croissance, relève de l'indécence
et équivaut à se tirer une balle dans le pied. Et puis, il y a face à eux François
Hollande : le chef de l'Etat a trois années devant lui pour redresser la
barre, à l'aide d'une formidable machine héritée du Général de Gaulle, cette
Vème République qui vous fabrique un leadership. Ça marche à droite, comme à
gauche.
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