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Jean-Marc Ayrault, Premier ministre fusible ou collaborateur ?

Jean-Marc Ayrault est l'invité de France Info ce matin. Le rôle du Premier ministre a évolué sous la Vème République.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Quelque chose a changé dans
l'attelage de l'exécutif depuis le passage au quinquennat. Et encore, celui d'un
Jacques Chirac affaibli aura fonctionné comme un septennat classique. En clair,
de Michel Debré, disons, à Dominique de Villepin, le locataire de Matignon a
dirigé l'action du gouvernement, s'est imposé comme chef
de la majorité et a valsé chaque fois qu'il a fallu relancer la machine. Cas
particulier, le Premier ministre Lionel Jospin est même devenu en son temps un
président-bis de cohabitation.

Mais Nicolas Sarkozy a fait
entrer la Vème République dans une ère nouvelle : en concentrant tous les pouvoirs
à l'Elysée, et en reléguant son Premier ministre au rang de simple
collaborateur, sobriquet que François Fillon n'a guère apprécié. L'hôtel
Matignon a tellement été marginalisé que Fillon est resté en poste cinq ans
sans que cela ne dérange personne. Les Français ont pris le pli avec un président
en première ligne, sur tous les sujets. Une mutation due à l'accélération du
calendrier, la démultiplication des médias, mais surtout, au tempérament de
ceux qui nous gouvernent.

Quelle est la répartition aujourd'hui au sein de
l'exécutif ?

Les rôles ne sont pas clairement
définis, c'est le problème. Dans les séries télé, il y a deux flics, le bon et
le méchant, celui qui séduit, et celui qui encaisse. Or, François Hollande et
Jean-Marc Ayrault sont sur le même registre, deux gentils. Ils se ressemblent
trop. Prenez l'épisode Leonarda,  le
président aurait dû laisser son Premier ministre, voire son ministre de
l'intérieur monter au créneau et prendre les coups.

François Hollande est
aujourd'hui surexposé, mais c'est son choix. Nous avons oublié que son
prédécesseur, Nicolas Sarkozy, a connu des phases de
"représidentialisation",  de
mise en retrait, avant que le naturel ne revienne au galop.

François Hollande pourrait changer de Premier
ministre ?

Lui seul le sait, et
encore ! Cela fait des semaines que tout le monde spécule dans le vide sur
une dissolution ou un éventuel remaniement. Qui à Matignon ? Valls pas
assez à gauche, Aubry trop dure, et en campagne à Lille, Le Foll trop "hollandais".
Ou bien faut-il garder Ayrault et changer l'équipe, comme du temps de Fillon ?
Mais pourquoi faire, c'est la politique qui est contestée. De plus, "François fonctionne
tout seul", se lamente un soutien qui raconte : "Quand c'était
au PS, Stéphane le Foll nous faisait le debrief derrière, pour nous expliquer
la synthèse du Premier secrétaire. Aujourd'hui, nous n'avons plus ce type
d'interlocuteur à l'Elysée et à Matignon, chacun joue sa partition
".
C'est donc l'organisation au plus haut niveau qui est mise en cause.

Rien ne va changer dans
l'immédiat ?

Rien.
Le Premier ministre encaisse. "Il s'impose et gueule de plus en
plus, mais le couple fonctionne mal, parce qu'ils sont pareils"
,
conclut un ministre, désabusé. Le mot de la fin est celui d'un responsable
socialiste: "Vous verrez, la TVA et la courbe du chômage seront les prochains
débats quand nous aurons fini de nous prendre la tête avec le changement de
Premier ministre"
.

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