François Hollande veut remettre au pas le PS
Avec la présidence de
François Hollande, c'est un peu – non pas le coup d'Etat – mais le coup d'éclat
permanent. Il est loin le temps, c'était il y a un demi-siècle, où François
Mitterrand dénonçait la pratique autoritaire du Général de Gaulle, ce président
tout puissant qui avait taillé la constitution de la Vème République à sa
mesure, lui conférant un pouvoir quasi exclusif. L'actuel président, lointain
héritier de Mitterrand, est en train de vivre le phénomène inverse : sa
parole ne porte plus, sa majorité le critique ouvertement, et plus il
intervient, plus la fonction présidentielle est fragilisée, désacralisée. L'épisode Leonarda a provoqué
la colère de François Hollande, après les médias, pointés du doigt pour
avoir diffusé sans attendre l'interview de la jeune kosovar juste après son
intervention. Mais il y a surtout Harlem Désir, qui a pris une soufflante pour
avoir osé le contester en appelant au retour en France non pas de la seule Leonarda,
mais de la famille toute entière. " La critique frontale du premier
secrétaire a détruit le peu qui restait de l'autorité, de la parole
présidentielle ", commente un proche de l'Elysée. Le sort d'Harlem Désir serait
déjà réglé. Il irait jusqu'aux municipales et aux européennes, mais pas
au-delà.
L'exécutif va tenter de faire rentrer la majorité dans
le rang.
"C'est le triptyque du
mardi", ironise un responsable socialiste, "on fait mine de serrer
les boulons" : à la réunion des chefs à Matignon du matin, à celle
du groupe à l'Assemblée dans la foulée, puis au bureau politique le soir, où
deux camps vont s'affronter, les hollandais face à l'aile gauche du parti. Comme
d'habitude. Comme si cela allait changer quelque chose. Jusqu'à la prochaine crise.
Le nombre de pataquès est
impressionnant depuis la rentrée.
La
pause fiscale, le bras-de-fer Valls Taubira, la taxe diésel, la Syrie, la bagarre Valls Duflot sur les Roms, la taxe
EBE, l'imbroglio Leonarda. Vous y ajoutez les bonnes nouvelles plombées, la
baisse du nombre de chômeurs offerte par un bug de SFR. Un leader de la gauche
socialiste s'inquiète : "C'est de l'amateurisme, dit-il, le chef de
l'Etat n'avait pas à intervenir en personne samedi. Nous ne le critiquerions
pas s'il y avait plus de cohérence". A voir.
La présidence est-elle menacée ?
La question est sur toutes
les lèvres y compris à gauche: peut-il tenir encore trois ans et demi à ce
rythme infernal ? Avec 75% de mécontents, François Hollande sait bien
qu'il ne prend plus la lumière et fait le pari que seul le temps et les
résultats pourront jouer en sa faveur. Le général de Gaulle, après tout, a lui
aussi été confronté à une opinion hostile, qui l'a tout de même désavoué au
référendum de 69. Les institutions de la Vème république sont solides, et seul
un choc majeur pourrait les déstabiliser.
Pour certains dirigeants
socialistes, très inquiets de la tournure des évènements, ce choc pourrait
s'appeler le Front National, en mesure de remporter les élections européennes
et d'entrer dans tous les conseils municipaux pour y défendre les principes de
préférence nationale, qui trouvent un large écho au sein de la population. Il
fallait voir Marine le Pen très à l'aise face à ses adversaires dans Mots
croisés hier soir sur France 2. Le contraste était saisissant. François
Hollande est confronté à une crise de régime, lourde, profonde, appelée à durer. Une solide remise en au pas de la majorité s'impose.
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