François Hollande, deux ans plus tard
"Il est à la recherche
du mode d'emploi".La formule est celle de l'un
de ses proches soutiens, qui estime que quelque chose a quand même changé
depuis le remaniement : "Il y a eu trois semaines sans couac !
Vous vous rendez compte ?".
Le "mode
d'emploi", cela signifie que François Hollande veut renouer avec les
Français, si cela est encore possible, et voir comment le système peut enfin se
stabiliser, après vingt mois de tumulte et de dégringolade dans les sondages. Il se remet même, aux dires
de ses proches, à plaisanter, et croit dur comme fer à son
"retournement", lui, l'inoxydable optimiste, qui a pourtant
accumulé les chocs depuis le début de l'année : cette courbe du chômage
qui ne s'inverse pas, la raclée municipale et une séparation digne du théâtre
de Feydeau.Il lui reste une épreuve à
franchir, celle des Européennes, la défaite est-elle inéluctable ? Pas
sûr. "Nous pouvons faire mieux que les 16,5% de 2009, ce n'est pas
fait", avance, sur un ton prudent, un responsable socialiste.
Alors le président, pour le
deuxième anniversaire de son élection, éprouve le besoin de parler. Chez
Bourdin et ses auditeurs, sur RMC et BFMTV, en prise directe avec ce pays réel en
colère. Sur le terrain ensuite, avec de jeunes apprentis à Villiers-le-Bel,
cité du Val d'Oise marquée, il y a près de 7 ans déjà, par de terribles
émeutes.
Il a perdu sa majorité ?
Elle aussi regarde ailleurs. La
fronde des 41 députés socialistes l'inquiète. Le chef de l'Etat questionne ses
visiteurs réguliers à l'Elysée : vont-ils continuer à s'opposer à ses
réformes ? Ce groupe est-il homogène ? Manuel Valls a réglé le
problème, les 50 milliards ont votés malgré la fronde. Mais le Premier ministre
au passage s'est payé son prédécesseur en évoquant ces deux années au cours
desquelles "les parlementaires socialistes n'ont pas été suffisamment
écoutés, entendus". Jean-Marc Ayrault, qui retrouve aujourd'hui son
ancien bureau à l'Assemblée, a encaissé sans broncher. Ce début du quinquennat
est déjà parti en fumée.
Le président tourne les pages
François Hollande préfère évoquer
les trois années qui restent. "Quel que soit le résultat de la prochaine
présidentielle, il n'y aura pas eu un quinquennat pour rien", explique le
chef de l'Etat à ses amis. Comme s'il envisageait déjà le pire en 2017. Quand
sera-t-il fixé sur ses propres chances ? Dans un an et demi, confie un
poids lourd socialiste, à l'automne de l'année prochaine, quand sera voté le
budget 2016. Si aucune des courbes n'aura bougé, croissance, chômage et surtout
popularité, alors la messe sera dite. François Hollande veut y
croire, que peut-il faire d'autre, lui qui veut renouer avec ce peuple de
gauche qui s'est détourné de lui, pour les promesses non tenues. Il lui reste l'optimisme, et
une histoire qui n'est encore pas écrite.
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