Européennes: un débat des Cinq salutaire
Il ne s’agit pas d’un propos ironique, mais cet édito me permet de répondre ce matin à Bernard - il se reconnaîtra - et à tous ceux qui reprochent aux médias de manquer d’engouement pour les élections européennes qui approchent, de participer à la morosité ambiante, de favoriser le défaitisme, celui d’une nation qui doute d’elle-même au point d’afficher une croissance zéro et d’être tentée par le repli sur soi. Et bien acceptons la critique et considérons pour une fois le verre à moitié plein : oui, même s’il faudra encore du temps, quelque chose est quand même en train de bouger au sein de l’Union. Il suffisait de jeter un œil hier soir sur le débat des cinq candidats à la présidence de la Commission, où il a été beaucoup question d’austérité : un tel événement diffusé sur LCP et sur le tout nouveau site de France Info était impensable autrefois.
Le constat de Guy Verhofstadt
L’ex-1er ministre belge et candidat des libéraux fait remarquer que pour la première fois, il est invité à de très nombreux débats à l’extérieur de son pays. Le traité de Lisbonne a changé la donne. Le Conseil Européen devra tenir compte du résultat des élections au Parlement pour lui proposer un candidat à la présidence de la Commission. Pour faire simple, si la gauche l’emporte, le socialiste Martin Schulz succèdera à José Manuel Barroso, si c’est la droite, ce sera le conservateur Jean-Claude Junker.
Et ça va vraiment marcher comme ça ?
Et bien ce n’est pas sûr : tout est dans l’expression « doit tenir compte » de l’article 9 du traité de Lisbonne, sujette à interprétation. La chancelière Angela Merkel a laissé entendre que le vote du 25 mai ne serait qu’indicatif. Certains dirigeants européens voudraient pouvoir choisir, à leur guise, le futur patron de la Commission. Si tel était le cas, cela porterait un coup de grâce à l’idéal européen, déjà malmené depuis de longues années, et ne ferait que conforter l’euroscepticisme galopant.
Il reste une semaine pour que les points de vue s’expriment
Encore faut-il que le débat public ne soit pas parasité par des annonces contradictoires : le décret de patriotisme économique porté par Arnaud Montebourg envoie un message ouvertement protectionniste, alors que le président François Hollande s’est exprimé en faveur d’une Europe renforcée. Il ne s’agit pas d’une exception française, les Allemands en font de même. Mais l’affaire Alstom souligne l’absence d’une vraie politique industrielle au niveau d’une Union Européenne qui reste un marché ouvert, à l’inverse des Etats-Unis. Tout le débat, au fond, tourne autour d’une question centrale : faut-il plus ou moins d’Europe ? Les sept jours de campagne qui restent ne seront pas de trop pour lever certaines ambiguïtés, et militer dans les médias – clin d’œil à Bernard et tous ceux qui nous écrivent - contre le risque d’une abstention massive.
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