Européennes, rien n'est clair
« C’est un combat dans une purée de pois », confiait ce week-end, dans un soupir, un leader de la majorité proche de François Hollande. Le président lui-même, aux dires d’un de ses proches, a déjà « enjambé » l’élection et réfléchit à l’après-catastrophe. La seule évidence, partagée de gauche à droite, est que deux catégories d’électeurs sont montées en puissance, rendant toute lecture impossible à six jours du vote. Nombreux même sont ceux qui appartiennent aux deux à la fois : les abstentionnistes et les eurosceptiques. Les premiers, et ils sont légion au sein du PS, n’iront pas voter parce qu’ils sont inquiets ou déçus. Et parmi les seconds, certains vont rester chez eux parce qu’ils ne veulent pas se prononcer sur une institution qu’ils exècrent.
Rien n’est clair : cela vaut pour chaque formation politique
L’UMP, longtemps en tête dans les sondages et désormais derrière le FN, ne semble pas capitaliser sur son succès aux municipales. Jean-François Copé, en cas de deuxième position, additionnera son score avec celui des listes UDI Modem.Vous prenez le Parti Socialiste, crédité de 14 à 17%, la curée se dessine malgré l’engagement personnel de Manuel Valls. Ce sera Sueurs froides jusqu’à dimanche rue de Solferino. Le problème ne vient même pas du Front de Gauche qui plafonne à 8 points. L’épouvantail s’appelle Front National, en tête de tous les pronostics, lui qui attire le gros du vote eurosceptique. Mais 30% des électeurs frontistes hésitent à aller voter. Ce qui ferait dégringoler le score à 17%. Tous ceux qui donnent le FN gagnant devraient se montrer prudents.
Et rien n’est clair sur le message des grands leaders
Dans cette ultime semaine, chacun cherche encore ses marques. Marine Le Pen s’est lancée dans un référendum pour ou contre l’Europe. L’UMP veut faire battre Hollande mais reste très divisée avec les voix dissonantes d’Henri Guaino et de Laurent Wauquiez. Jean-Luc Mélenchon rejoue 2005 en essayant de mobiliser contre le traité transatlantique. Quant au PS, le mot d’ordre est « tous derrière Martin Schulz » dans l’espoir de se sauver. C’est pas gagné.
Les Européennes ont toujours réservé une surprise
C’est Tapie qui talonne Rocard en 94, le duo souverainiste Pasqua-Villiers doublant le tandem RPR-Démocratie Libérale Sarkozy-Madelin en 99, ou encore l’exploit de Cohn-Bendit faisant jeu égal dix ans plus tard avec le PS. Cette cuvée 2014 sera-t-elle celle de Marine le Pen ? Les instituts de sondages hésitent à se montrer catégoriques. La campagne va se jouer là, dans les quatre ou cinq derniers jours. Tout peut encore arriver, veulent encore croire ceux qui ne se résignent pas. A moins que la surprise du chef ne vienne de l’abstention, qui s’annonce massive. L’idéal européen des pères fondateurs, pour ceux qui s’en souviennent, est déjà un lointain souvenir.
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