Le FMI et les ministres des finances de la zone euro ont demandé à Chypre de ne plus taxer les déposants en-dessous de 100.000 euros. Epargner les petits épargnants : pas sûr que ce demi-rétropédalage suffise à éteindre l'incendie qui gagne tous les pays européens.Taxer tous les comptes bancaires, en contrepartie d'un prêtde 10 milliards d'euros, cette expérimentation fait l'unanimité contre elle. Toutle monde s'y met, les milieux bancaires, les opinions publiques, et lesoppositions politiques qui pointent le risque de ruée vers les guichets, àChypre et ailleurs.Une panique provoquée par le franchissement d'une lignerouge, les comptes dans la zone euro étant jusqu'ici garantis à hauteur de 100.000 euros. Et à la clé, une défiance accrue contre la monnaie unique et contre leprojet européen.Les justifications de cette taxationA la tête de l'Etat français, on a d'abord justifié cettemesure, présentée comme le seul moyen de mettre à contribution les avoirsétrangers à Chypre. Avoirs russes, notamment, d'origine douteuse éventuellementet représentant près de la moitié des dépôts bancaires dans l'île."L'Eurogroupe a fait ce qu'il avait à faire ", ad'abord commenté le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici. C'étaitvendredi. Depuis, changement de braqué face à la colère des épargnants, et àl'inquiétude qui grandit. Il s'agit de donner des gages.J'ai milité pour que les petits déposants soientépargnés. Je me suis beaucoup battu pour qu'il y ait des efforts moindres quisoient demandés, pour que l'on évite que les déposants soient trop taxésLe ministre de l'Economie mis en garde sur sa gauche par leporte-parole du parti communiste Olivier Dartigolles : "Je crois quele ministre Moscovici se trompe en défendant ce type de politique. Je pense quele logiciel social libéral européen porté par François Hollande nous envoiedans le mur. On a voté majoritairement dans ce pays pour une autre politique. "Une autre politiqueC'est ce que dit proposer le Front nationalqui, à l'instar des autres partis extrémistes européens, fait son mielpolitique de la crise chypriote, sur le mode "on vous l'avait biendit ". "Cela fait des années qu'on nous dit qu'il n'y a pasde risque de contagion et puis à chaque fois ça nous arrive, " explique Florian Philippot, vice-président du FN.Ils ont créé untel monstre où toutes les économies sont interdépendantes, cela s'appelle lazone euro, qu'ils ont fait un système dans lequel l'euro, présenté comme gagede sécurité, est en train de devenir l'instrument d'une déstabilisationgénéraleFlorian Philippot, convaincu que cette crise va donner desvoix supplémentaires au FN lors des européennes en 2014. Le FN, qui ambitionnede devancer le PS et l'UMP, propose une solution radicale : la sortie de lazone euro.Une idée fantaisiste répliquent les partis de gouvernement, à l'imagedu député UMP Laurent Wauquiez, ancien ministre chargé des Affaires européennes : "Si la France quitte la zone euro aujourd'hui, il faut que tous lesFrançais sachent que leur compte en banque perdra 20% de sa valeur. Si la Francequitte l'euro, il faut que tous les Français sachent que le pétrole nous coûtera20% à 30% de plus sur le plein d'essence. Donc quitter l'euro pour la France c'estune hérésie. "L'UMP qui en profite pour tacler le gouvernement, à coup decomparaisons choc : "Ce que Moscovici a fait à Chypre", affirme encoreLaurent Wauquiez, "il le fait en France via le matraquage fiscal de toutes lesclasses moyennes. On marche la tête à l'envers ."