Et si Hollande et Sarkozy prenaient le même avion pour Soweto ?
Imaginez
la scène : le tandem a décidé non
pas de voyager séparément dans les deux avions qui volent vers Johannesburg, François
Hollande dans le premier avion, Nicolas Sarkozy dans le deuxième, comme l'a
prévu le protocole, mais finalement de faire le trajet ensemble, à bord d'Air
Sarko One, l'avion aménagé par l'ancien-président et que Jean-Marc Ayrault a dû
rapatrier dare-dare de Chine. On peut rêver. L'actuel et l'ex se retrouveraient
en tête-à-tête, dix heures de vol. François Hollande jouirait des appartements
privés de l'A330 spécial. Mais prêterait sa douche à son prédécesseur, petit
geste amical pour effacer la froideur de la passation de pouvoir à l'Elysée le 15 mai
2012, il y a un siècle.
C'était la dernière fois
qu'ils se sont vraiment vus en privé ?
Oui, et le précédent, la
toute première fois, remontait au 15 mars 2005, sept ans auparavant, dans les locaux de Paris Match,
le ministre des finances et patron de l'UMP posait tout sourire à la une du
magazine, avec le Premier secrétaire du PS, pour dire oui au référendum sur la
Constitution européenne. Ils ont bien ri ce jour-là, eux qui ignoraient qu'ils
allaient se succéder à l'Elysée.
Justement, retour dans l'avion pour l'Afrique du Sud.
Que se passe-t-il ?
La scène - imaginaire - se
passe donc à la fin d'un repas à bord de l'avion présidentiel. Et l'idée jaillit
entre eux : comment ! Nous allons rendre hommage à Madiba, le symbole
mondial du pardon, de la main tendue, de la réconciliation entre les peuples,
par-delà les peurs et les haines. Il est quand même curieux d'aller saluer sa
mémoire et de rentrer à la maison et de continuer à se battre comme si de rien
n'était. Tout cela est d'une grande hypocrisie. Et si nous nous unissions pour
constituer un gouvernement d'union nationale ?
La belle affaire ! Comment ça pourrait se concrétiser ?
Pas question de se partager
le pouvoir façon Medvedev-Poutine. Moi, François, je suis président, je te mets
toi Nicolas à la place de Jean-Marc. Et en 2017, on inverse ! Non, ça, ce
n'est pas possible. Mais les deux pourraient s'entendre sur des sujets de
concorde : refaire la TVA sociale, votée par Sarkozy, effacée par
Hollande, puis prônée par Louis Galois. Les patrons s'engageraient en échange à
ne plus délocaliser les usines, et certains d'entre eux rentreraient de
Bruxelles ou Luxembourg, moyennant un pardon fiscal. Autre piste :
François et Nicolas iraient rendre visite à Angela, et " tous ensemble ",
ils feraient plier Bruxelles pour mettre enfin en place
une harmonisation sociale et fiscale, de manière que l'Europe cesse de mener
une concurrence interne déloyale et suicidaire, au mépris des peuples qui la
constituent.
Réveillez-vous, c'est lundi matin, vous êtes à l'antenne!
Pardon, " i have a
dream ": je suis en train de faire un rêve d'unité nationale ce matin. Mais
est-ce vraiment possible dans une France politique coupée en deux ? La
dernière fois, c'était en 1958, avec un pays au bord de la guerre civile. Puis
chacun est vite retourné à ses préoccupations. L'Allemagne a réussi ce tour de force
de constituer des grandes coalitions pour se relever. Droite et gauche en France
n'y parviennent même pas sur les sujets sociétaux, voyez le mariage pour tous. Le
voyage des deux présidents, l'actuel et l'ancien, avec deux avions qui se
suivent, ne va hélas relever que de la seule courtoisie républicaine. Ce qui
est déjà un bon début. N'est pas Nelson Mandela ou Charles de Gaulle qui veut.
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