El Khomri : "Inconcevable que des députés PS puissent dérouler le tapis rouge à la droite"
"Il est inconcevable que des députés socialistes puissent dérouler le tapis rouge à la droite ", a réagi mercredi Myriam El Khomri, ministre du Travail, sur France Info, alors qu'une partie de la majorité à l'Assemblée hésiteraient à signer une motion de censure contre le recours au 49.3 pour la loi Travail. "On verra jeudi, je ne fais pas d'arithmétique, je m'occupe de la politique de l'emploi et du travail dans notre pays, c'est au Parti socialiste de régler cette motion de censure ", a tranché Myriam El Khomri, rappelant que seulement 10% des députés socialistes sont opposés à la loi Travail et que "leur temps de parole médiatique n'est pas proportionnel à leur nombre ."
"Le recours au 49.3 n'est ni inédit, ni illégitime , a affirmé la ministre du Travail. Nous avons eu des débats mais être à l'écoute ce n'est pas être à l'arrêt ", a justifié Myriam El Khomri. "Si le gouvernement avait renoncé, c'est ça qui aurait été anti-démocratique et ce matin vous m'auriez parlé de compromission, de petits arrangements politiques . "
"Nous avons tout fait pour trouver un compromis avec les 10% des députés PS qui contestaient le texte "
Mais la ministre du Travail a reconnu : "Nous aurions préféré que cela se passe autrement mais j'ai été à l'écoute et notamment de la rue. On pourrait aussi retenir que des organisations syndicales et de jeunesse soutiennent ce texte. Ne les oublions pas ". "Nous avons été dans un dialogue, nous avons tout fait pour trouver un compromis avec les 10% des députés socialistes qui contestaient le texte ." "Nous ne sommes absolument pas dans un passage en force. Il y a eu un peu plus de 1.000 amendements déposés et nous en avons retenu un tiers. Dans le texte proposé au titre du 49.3, 469 amendements sont issus des députés ."
"Si j'avais cru une seule seconde que c'était était une loi de régression pour les salariés, je ne l'aurais jamais portée ", a affirmé Myriam El Khomri. "Et les entendre dire que c'est un projet de casse sociale, ce n'est pas la réalité. Nous voulons développer la négociation dans l'entreprise. C'est la meilleure des garanties pour que les entreprises aient la capacité de mieux s'adapter ", a par exemple justifié la ministre du Travail.
Affaire Baupin : "Ces histoires-là ne sont absolument pas derrière nous "
"Ces histoires-là ne sont absolument pas derrière nous ", a regretté Myriam El Khomri au surlendemain des accusations de harcèlement sexuel à l'encontre du député écologiste Denis Baupin. "Emmanuelle Cosse [invitée de France Info mardi matin-NDLR] a eu des propos particulièrement dignes , a estimé la ministre du Travail. Et elle a eu tout à fait raison, si ces faits sont avérés, cela doit se régler devant la justice. La question du harcèlement est extrêmement importante et comme l'a dit le Premier ministre : quand une femme dit non, c'est non ."
Myriam El Khomri s'est d'ailleurs dit victime, elle aussi, du machisme dans le monde politique : "Quand je dis 15 minutes dans l'hémicycle, j'entends '15 minutes douche comprise', ce qui n'est pas des propos très agréables" , s'est désolée la ministre. "Mais ces questions de harcèlement ne concernent pas seulement le monde politique ", selon elle. "Dans le monde du travail aussi on le constate et en tant que ministre du Travail, je reçois de très nombreux témoignages. Il est important que les langues se délient mais aussi qu'on puisse avoir des plaintes. Que les victimes aillent en justice ", a insisté Myriam El Khomri.
"Emmanuel Macron s'inscrit dans une aventure qui doit et qui reste collective "
"Emmanuel Macron s'inscrit dans une aventure qui doit et qui reste collective ", a recadré Myriam El Khomri, réagissant aux tensions supposées entre le ministre de l'Economie et le Premier ministre mardi à l'Assemblée nationale. "Emmanuel Macron a expliqué le sens de sa visite à Londres [le 14 avril au profit de son mouvement En Marche-NDLR] auprès de start-up, tout simplement , a raconté Myriam El Khomri. Il n'y a eu aucune tension ."
"Emmanuel Macron est un bon ministre et quand on fait face à une telle défiance en direction du monde politique, toutes les initiatives sont intéressantes, a affirmé la ministre du Travail. Mais Emmanuel Macron s'inscrit dans une aventure qui doit et qui reste collective ", a-t-elle bien précisé.
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