Crispations au PS à 48 heures du second tour
A deux jours du second tour de la primaire socialiste, les choses se crispent au Parti socialiste. Le poing semble prendre le dessus sur la rose. Hier, Martine Aubry dénonçait le flou de François Hollande. Et "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup", suspecte la maire de Lille. Mais attention à ne pas chercher la petite bête, avertissait hier soir sur France 2 Ségolène Royal, ralliée au député de Corrèze. A trop vouloir titiller le loup, Martine Aubry "peut se faire mordre le doigt et la main et même se faire manger toute la main", prévient l'ex candidate à l'investiture socialiste, sortie au premier tour après n'avoir recueilli que 7% des voix dimanche dernier.
Ségolène Royal appelle donc à voter François Hollande. Mais Martine Aubry n'en a cure. En meeting dans sa ville, la maire de Lille compte sur l'indépendance des électeurs. " Vous êtes libres face aux consignes de ceux qui voudraient vous ordonner pour qui voter ", a-t-elle lancé devant plusieurs milliers de sympathisants. Manière peut-être aussi pour la maire de Lille, qui compte huit points de retard sur François Hollande au terme du premier tour, de se prémunir peut-être aussi contre une consigne défavorable d'Arnaud Montebourg qui fait durer le plaisir. Son porte-parole annonçait hier que le député de Saône-et-Loire, arrivé troisième au premier tour avec un joli capital de 17% des suffrages, ne dirait rien. Mais son entourage a ensuite fait savoir qu'il se prononcerait "très prochainement".
Et en attendant, le match se poursuit. Avec une Martine Aubry toujours à l'offensive hier soir - "La gauche que j'incarnerai, elle s'engagera dans une sortie de crise, pas seulement en courant à l'austérité derrière la droite en disant : moi je suis plus sérieux que les sérieux " - et un François Hollande en meeting à Paris qui se veut toujours au dessus de tout cela. " La force n'est pas d'entretenir la discorde, le dénigrement ou la suspicion ", martèle le député de Corrèze, qui s'en tient là. Sauf que ses proches, eux, ne se privent pas pour répondre. François Rebsamen accuse ce matin Martine Aubry d'utiliser "le vocabulaire de Le Pen". Référence à une interview à 20 minutes dans laquelle la maire de Lille présente son rival comme le candidat "du système". Enfin, côté militants, bien loin d'apaiser les choses, ils ont parfois des mots plus durs que ceux de leurs leaders.
Tant bien que mal, le rassemblement au soir du second tour ne sera donc pas forcément évident. Voilà qui devrait réjouir la droite. Une droite qui tente en tout cas de reprendre l'initiative avec les journées parlementaires de l'UMP en ce moment à Saint-Cyr-sur-Loire. Le député du cru, Philippe Briand, a attaqué hier soir le socialiste favori des sondages au niveau de la ceinture. "François Hollande, qui était poupon, vous avez vu comme il est devenu mince aujourd'hui ? La politique ne nourrit plus au parti socialiste. A force de maigrir comme ça, il va devenir aussi transparent que son programme ", a ironisé le député-maire UMP de Saint-Cyr, hôte de ces journées parlementaires. Un programme transparent auquel le parti majoritaire va tout de même consacrer une de ses conventions dès mardi prochain. Décortiquer le projet socialiste, sans doute pour faire patienter ceux qui attendent toujours le projet de l'UMP.
Chronique : Jérôme Jadot
_ Page web : Cécile Mimaut
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