Climat tendu entre le PS et les socialistes autour du nucléaire
La campagne à gauche passe encore et toujours par la question du nucléaire. L'atome semble de moins en moins crochu entre le PS et son partenaire écologiste. Pour preuve, la pique de François Hollande dimanche soir à son QG. "J'ai compris que les écologistes avaient voulu, peut-être un moment, s'immiscer dans nos débats. Visiblement, leur nombre n'a pas suffi". La phrase est un peu passée inaperçue, noyée dans un océan d'appels au rassemblement... Ce que François Hollande reproche aux écologistes, c'est d'avoir fait monter les enchères avec Martine Aubry dans les derniers jours de la primaire en échange de soutiens écolos. C'est vrai que plusieurs cadres du parti de Cécile Duflot ont penché pour la Maire de Lille avant le 2eme tour. Peine perdu. C'est donc le Corrézien qui l'a emporté. Et le problème pour les écologistes, c'est qu'il est à leurs yeux moins "vert" que Martine Aubry, qui s'est clairement prononcée pour une sortie du nucléaire. Elle estimait même que 60% des centrales devraient fermer d'ici 2025. Nettement plus radical que François Hollande qui s'engage simplement sur une réduction de 75 à 50% de la part d'électricité issue de l'atome. Insuffisant a répondu cette semaine Eva Joly. " Il ne peut pas y avoir d'accord avec les écologistes sans cette cause [...] Il faut prendre la décision politique aujourd'hui de sortir du nucléaire pour se lancer dans les énergies alternatives ", martèle la candidate écolo à la présidentielle, qui se trouve actuellement au Japon. Eva Joly qui se rendra demain à Fukushima, manière de mettre la pression sur François Hollande.
Mais les partisans du candidat socialiste préviennent, à l'image d'André Vallini, qu'il n'est pas question que les écologistes fassent la loi pour obtenir un accord électoral : "Les verts ne vont pas nous dicter leurs conditions. Des circonscriptions ont été évoquées, que l'on pourrait réserver aux verts, mais rien n'est acté, dans aucune fédération". Hors micro, les soutiens de François Hollande estiment que Martine Aubry a été trop bonne dans les négociations menées jusque-là. Les écologistes espèrent jusqu'à 40 circonscriptions en cas de victoire de la gauche. L'heure est donc aux re-négociations et le calendrier a été assoupli. Socialistes et écologistes ont jusqu'à fin novembre pour accorder leurs violons. Ce sera alors le temps des investitures pour les législatives.
Paradoxalement, quelques rares écologistes sont satisfaits de la désignation de François Hollande. C'est le cas du député François de Rugy. "François Hollande assume dans la clarté le fait de ne pas être écologistes. Les électeurs qui veulent voter écologiste ne s'y tromperont pas et pourront choisir en toute connaissance de cause le bulletin de vote Eva Joly", analyse l'élu de Loire-Atlantique. François Hollande, repoussoir à électeurs écolos donc. Sa désignation ouvrirait de l'espace à Eva Joly pour le premier tour. Un calcul dangereux pour le PS car s'il n'y a pas d'accord sur le nucléaire, les écologistes envisagent de refuser tout pacte gouvernemental, se contentant d'un accord législatif. Pas de gauche plurielle. Ce qui affaiblirait politiquement François Hollande en cas de victoire le 6 mai prochain.
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