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Ces débats sociétaux qui nous divisent

Stop les débats de société! Les Français n'arrivent plus à se parler sans se déchirer.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Stop les débats sociétaux ! Les Français n'arrivent
plus à se parler sans se déchirer.

C'est du grand n'importe
quoi : il ne se passe plus un jour, ou presque, sans qu'un débat sociétal
ne vienne enflammer les esprits. Droite et gauche n'ont pas fini de s'écharper
sur le " genre " masculin-féminin supposément enseigné à l'école, que
déjà se profile une polémique sur la fin de vie, au travers de l'emblématique
sort de Vincent Lambert, ce jeune tétraplégique en état végétatif qui divise sa
propre famille. Le Conseil d'Etat hésite à trancher dans cette affaire qui recèle
un fort potentiel explosif. C'est à se demander si le projet de loi voulu par
François Hollande ne sera pas lui aussi repoussé le plus loin possible. Ces débats
virent désormais à la bagarre bloc contre bloc, depuis les manifs anti mariage
gay, qui s'expriment essentiellement dans la rue, et dépassent les partis
politiques traditionnels, au premier rang desquels figure une UMP obligée de
verser dans la surenchère pour tenter de reprendre la main.

C'est l'opération "Tous à poil".

 Le parti gaulliste n'a pas voulu
se joindre à la dernière Manif pour tous, qui a pourtant fait reculer le
gouvernement sur la loi Famille. C'est donc Ludovine de La Rochère qui est
apparue comme une figure de proue de l'opposition. Jean-François Copé a du coup
réagi en deux temps, en adressant tout d'abord une lettre de remerciement de
l'UMP à tous ceux qui se sont mobilisés alors qu'il n'avait pas appelé à
défiler. Et en contre-attaquant ensuite sur le terrain de l'éducation, avec le
livre pour enfants Tous à poil , censé
symboliser tout ce qui porterait atteinte à l'enseignement et aux valeurs de la
famille.

Le président de l'UMP a atteint son objectif ?

Oui, au prix d'une éprouvante
polémique, qui prolonge, les avons-nous oubliées, les récentes tentatives très
critiquées de Farida Belghoul, égérie d'extrême droite de la croisade
anti-genre à l'école, à l'origine de la journée de retrait des parents. Jean-François
Copé a réussi à rassembler presque tout son camp derrière lui et fédérer, dans
un même élan, Catholiques et Musulmans conservateurs, en pleine campagne
municipale, au moment où Marine le Pen séduit de plus en plus un électorat UMP
déboussolé, comme l'a montré notre baromètre TNS Sofres.La droite avait pourtant déjà
abordé ces questions autour du genre à l'école, auxquelles elle n'était pas si
hostile. Et la gauche est bien plus divisée sur ce thème qu'elle ne veut bien le
laisser paraître. Mais il y a une réalité : le sujet inquiète les familles
et méritait un débat clair et posé.

Ces polémiques sociétales tournent en rond...

Plus personne ne sait qui les
a initiées, gauche et droite se renvoyant la responsabilité d'avoir allumé le
feu. Il est temps de débrancher ces débats stériles qui virent à chaque fois à
un affrontement caricatural. Il faut y voir l'expression d'une société
inquiète, livrée à elle-même, hantée par la perte de ses valeurs, en manque
d'une autorité capable de siffler la fin de la récré.Une société à la recherche
d'un cap que les élites politiques, des partis traditionnels jusqu'au sommet du
pouvoir, ne sont plus en mesure de lui donner.

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