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Transition écologique : "On réalise brutalement que c’est pour aujourd’hui", selon l’économiste Jean Pisani-Ferry

L'économiste Jean Pisani-Ferry est l'invité éco de franceinfo lundi 21 novembre 2022.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'économiste Jean Pisani-Ferry était l'invité de franceinfo le lundi 21 novembre 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La COP27 s'est refermée dimanche 20 novembre en Egypte sur un bilan contrasté. Dix jours de discussions au sommet, un accord sur l'aide aux pays pauvres mais échec sur les nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre. L'économiste Jean Pisani-Ferry, professeur à Sciences Po, a été missionné par la Première ministre, Elisabeth Borne, pour évaluer les impacts économiques de la transition écologique. Son message est très clair : la transition écologique va occasionner des chocs négatifs sur la croissance, l'emploi et les inégalités.

Emmanuel Cugny : Quel bilan tirez-vous de la COP27 ?

Jean Pisani-Ferry : Il n'y a rien de neuf sur les ambitions nouvelles pour baisser les gaz à effet de serre. Sur ce que l'on appelle les pertes et dommages, c'est-à-dire les réparations pour les pays les plus atteints, les plus vulnérables, il y a un accord de principe. C'est tout. Il n'y a pas d'argent en face. Il y a un accord de principe pour créer un fonds. 

Vous dites que la transition écologique va occasionner des chocs négatifs sur la croissance, l'emploi et les inégalités. Dans quelles mesures ?

On parle là de l'horizon des dix prochaines années. À un horizon plus lointain, on a de bonnes raisons d'être optimistes sur la faisabilité de la neutralité carbone. Ce qui coince aujourd'hui c'est d'arriver à accélérer. Cela veut dire qu'il y a énormément d'équipements qui vont devoir être mis au rebus de manière prématurée. Cela va occasionner des pertes en capital, en matière de propriété industrielle, cela va occasionner des pertes de compétences. Il y a les effets du passage accéléré d'un type d'économie à un autre.

Vous chiffrez les investissements nécessaires à 70 milliards d'euros par an jusqu'en 2030. Où va-t-on trouver cet argent ?

On a recensé des travaux qui existent. C'est par rapport à une situation dans laquelle on n'aurait rien fait par rapport à aujourd'hui. Il va falloir que tout le monde s'y mette, public et privé. Il y aura une partie ménages, une partie entreprise, une partie administrations publiques. Le plus compliqué c'est de trouver le bon dosage entre les trois.

N'a-t-on pas manqué d'anticipation ?

On croyait que c'était pour l'avenir lointain. Ce n'est pas vrai que les gens ne s'en préoccupaient pas mais ils pensaient que c'était pour après-demain. En fait, c'est pour aujourd'hui. Ce qui se passe en ce moment c'est qu'on réalise brutalement que c'est pour aujourd'hui.  

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