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Télécoms : "Nous apportons des antennes plus efficaces" aux 500 opérateurs qui nous ont choisi, affirme le président du conseil d’administration de Huawei Technologies France

Jacques Biot, président du conseil d’administration de Huawei Technologies France était l'invité éco de franceinfo, mardi.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 9min
Jacques Biot, le président du conseil d’administration de Huawei Technologies France, le 14 novembre 2023. (RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

La tempête est-elle passée pour Huawei ? Le géant chinois des télécoms a fêté l'an dernier 20 ans de présence en France. Huawei a surtout vécu plusieurs années difficiles après les sanctions américaines décrétées en 2019, pour des suspicions d'espionnage.

Jacques Biot, président du conseil d’administration de Huawei Technologies France était l'invité éco de franceinfo, mardi 14 novembre, à l'occasion de l'événement Huawei Connect qui se déroule ces deux prochains jours à Paris, au Parc des Expositions, Porte de Versailles.

franceinfo : Quatre ans après l'interdiction par les États-Unis d'utiliser votre réseau 5G, vos équipements et de vous vendre aussi des composants, est-ce que vous voyez enfin le bout du tunnel ?

Jacques Biot : Oui. Ce qui est fascinant avec Huawei, c'est qu'effectivement nous avons, du fait des sanctions, perdu à peu près 30% de notre chiffre d'affaires et que, contrairement à ce qu'aurait fait probablement la quasi-totalité des entreprises dans le monde, nous avons recruté des chercheurs. Et Huawei, perçue par à peu près tout le monde comme une entreprise de télécommunications qui vend des antennes et des smartphones, c'est en fait beaucoup plus que ça. En fait, c'est une entreprise de recherche et développement qui y investit 25% de son chiffre d'affaires, qui a accru cet effort et a du coup énormément d'applications disponibles pour ses partenaires industriels.

C’est-à-dire que vous avez profité de ce temps difficile pour renforcer vos investissements - 23 milliards de dollars l'an dernier - désormais, vous vous êtes diversifiés ?

Cela nous a permis de développer de nouveaux business, de nouvelles activités pour rester français et notamment dans le domaine du solaire, dans tout ce qui tourne autour de l'écologie. Au fond, notre métier, c'est vraiment de faire en sorte que le numérique rende les processus industriels plus efficients, plus économes. Et ça s'applique tout particulièrement aux questions climatiques ou énergétiques. Et donc nous avons développé énormément de solutions dans ce domaine-là.

Quels domaines précisément ?

Ça va notamment dans le solaire où nous ne fabriquons pas les panneaux, mais où nous apportons tout ce qui optimise le fonctionnement des panneaux et qui fait que de chaque côté, on en tire le maximum d'électricité, ce qui n'est pas toujours le cas. Nous allons vers l'automobile intelligente et notamment l'automobile électrique autonome. Et puis nous apportons aux industriels toutes sortes de solutions. C'est le sens du salon que nous organisons, qui est le salon Huawei Connect qui se tient à Paris.

C'est une sorte de vitrine sur la diversification en marche ?

C'est à la fois une vitrine, un lieu d'échanges avec tous nos partenaires, puisqu'au fond, les deux forces, j'évoquais la recherche-développement et tout à l'autre bout de notre activité, c'est l'intérêt que nous portent nos clients. Donc effectivement, tout le développement que nous avons de partenariats avec des entreprises grandes, à Huawei Connect vous pourrez entendre Michel-Edouard Leclerc qui expliquera comment est ce que son DSI informatise les chaînes de magasins. Et vous pourrez aussi voir des start-up qui travaillent par exemple sur la détection des fuites sur les conduites de gaz et sur les pipelines enterrés. Ou bien une autre start-up qui va développer un système de charge des véhicules autonomes par induction, c’est-à-dire qu'il n'aura plus besoin de brancher une prise. Vous allez arriver sur l'emplacement et votre voiture va se recharger automatiquement.

Toutes ces activités n'existaient pas il y a quatre ans, la recherche et développement que vous avez mis dans ces activités a permis aujourd'hui d'être des acteurs de ces nouveaux marchés ?

En fait, on a une recherche qui est organisée beaucoup sur le même modèle que celle d'une université. On a quatre niveaux de recherche, une recherche qui est une recherche fondamentale complètement tirée par la curiosité et donc qui travaille aux frontières de la science et qui apportera des applications que nous ne connaissons pas dans les filiales, mais qui peut-être arriveront dans trois ans, quatre ans, cinq ans. Il y a une recherche qui travaille sur les innovations technologiques. C'est ce qui a permis d'amener la 5G et de faire des progrès considérables. Et on a une innovation qui tourne autour de l'amélioration de nos produits, poussés par nos ingénieurs parce qu'on connaît par cœur nos produits, on sait en quoi est ce qu'on peut toujours les améliorer. Et enfin, il y a le développement tiré par les besoins de nos clients. On est attentif à leur demande et on apporte des solutions à leurs problèmes.

Vous êtes quand même toujours dans les télécoms. Je le disais en préambule Huawei a été banni des réseaux 5G aux États-Unis et également dans plusieurs pays européens. Mais ce n'est pas le cas de la France et deux opérateurs, SFR et Bouygues, ont même obtenu l'autorisation d'utiliser votre réseau au-delà de 2028, alors qu'au début, ça devait être prévu seulement pour 2028. Est-ce que vous confirmez ?

Alors nous ne savons pas encore et ce n'est pas nous qui seront prévenus les premiers. Les demandes sont déposées par les opérateurs. Donc, il faut poser la question à l'ANSSI (l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information), évidemment. J'espère que vous avez raison. Je voudrais rappeler que nous travaillons avec 500 opérateurs dans le monde et que cette activité des antennes représente encore en gros la moitié de notre chiffre d'affaires. Donc c'est une activité qui est très importante. Que nous construisons une usine en France pour alimenter le marché européen, c'est 300 emplois, 200 millions d'euros d'investissements. Nous avons commencé le terrassement en avril et donc c'est un projet qui avance et qui va permettre de fournir des antennes qui, contrairement à celles d'autres entreprises, seront fabriquées en France.

Avec un bannissement dans plusieurs pays européens - au Royaume-Uni également - est-ce que vous craignez un bannissement total en Europe pour des raisons de souveraineté ?

Une fois encore, 500 opérateurs travaillent avec nous et travaillent avec nous parce que nous leur apportons des antennes qui sont plus efficaces, plus économes. notre effort en particulier, vise à faire en sorte que le numérique consomme 10% seulement de ce qu'il peut apporter. Et donc nous appliquons cette économie aussi à nos propres équipements. Donc une antenne, oui, elle est plus légère et elle envoie les ondes 4G à travers les ondes 5G. le bannissement n'est pas d'actualité.

Sur le téléphone en lui-même, vous n'avez plus de système d'exploitation Google, plus de composants non plus. Ça ne vous a pas empêché de sortir un nouveau téléphone 5G récemment ?

Oui et qui a un immense succès. Il est disponible en Chine, on n'a pas de chiffres officiels, mais il y a environ 1 600 000 téléphones qui ont été vendus en six semaines et les gens sont extraordinairement heureux de voir revenir nos téléphones puisqu'on sait qu'ils se chargent plus rapidement, qu'ils font des photos exceptionnelles. Ça va être le premier téléphone qui permet de passer par le satellite si vous n'avez pas de lien 4G ou 5G, et donc c'est un téléphone qui est extraordinairement performant. Et donc oui, vous nous verrez revenir petit à petit dans les téléphones.

Avec des composants 100% chinois, vous avez réussi a vous passer totalement des composants américains ?

Depuis toujours, c'est nous qui faisions le design de nos puces avec une filiale qui s'appelle High Silicone. Après, nous les faisons fabriquer puisque ce métier de la fonderie de puces est un métier très spécifique. Nous avons su trouver des fournisseurs qui savent nous fournir des puces qui correspondent aux besoins de nos téléphones.

Et donc sans système d'exploitation ?

Il y a un système d'exploitation qui est en train de monter en puissance, qui est open source, qui s'appelle Harmony OS et qui est notre système d'exploitation qui peut tout à fait remplacer les systèmes d'exploitation existants.

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