Loïc Tribot La Spière (CEPS) : "Le politique court désormais derrière les acteurs économiques"

Les deux grands éternels concurrents, Airbus et Dassault Aviation, vont développer ensemble le futur avion de combat franco-allemand. Il s'agit d'une pièce maîtresse dans la stratégie de Paris et Berlin pour assurer la souveraineté européenne en matière de défense et de stratégie industrielle. Cette perspective d’alliance de deux grands concurrents  est-elle crédible ? Loïc Tribot La Spière, directeur du Centre d’Etude et de Prospective Stratégique, invité de l'interview éco de franceinfo, a indiqué que cette annonce est "révolutionnaire", "on décide de faire quelque chose en commun". 

"On peut croire raisonnablement" au projet de Dassault et Airbus

Loïc Tribot La Spière indique en effet que "l'Europe avait cultivé un certain nombre d'avions de combat : la Suède avait le sien, il y avait l'Eurofighter, et le Rafale. On s'était dit : 'On aime tellement l'Europe que l'Europe divisée c'est quand même mieux''. Par ailleurs, il est important de préciser que cette annonce des deux industriels, au salon aéronautique de Berlin, a précédé l'annonce des politiques, un événement rarissime. "C'est important parce qu'elle manifeste le fait que souvent, le politique est amené à courir désormais derrière les acteurs économiques."

Cela dit, ce programme de Dassault Aviation et Airbus verra-t-il vraiment le jour ? "On peut y croire raisonnablement, pour au moins deux raisons, explique Loïc Tribot La Spière. D'abord parce que les Éttats européens n'ont plus totalement les moyens d'acquérir des systèmes d'armes. Deuxièmement il y a le fait que l'avion de combat américain F35 est là et il faudra essayer d'y répondre. S'il n'y a pas d'alliance, il n'y aura pas d'avion de combat européen du futur".