Le journaliste Marc Roche : "Le Brexit va réussir !"
Le journaliste Marc Roche, journaliste pour le magazine "Le Point" et spécialiste du Royaume-Uni publie "Le Brexit va réussir", aux éditions Albin Michel. Il était l'invité de Jean Leymarie vendredi soir.
Marc Roche, journaliste au Point et spécialiste du Royaume-Uni publie Le Brexit va réussir, aux éditions Albin Michel. Selon lui, la sortie de l'Union européenne va profiter aux britanniques.
franceinfo : La dernière fois que vous êtes intervenus sur franceinfo, vous étiez convaincu que le Royaume-Uni devait rester dans l'Union européenne. Vous avez complètement changé d'avis. Que s'est-il passé ?
Marc Roche : J'étais un partisan du maintien du Royaume-Uni. J'ai perdu, j'ai été abasourdi par cette défaite, je n'avais rien vu venir et j'essayais de comprendre. En acceptant le verdict populaire, je me suis fait à l'idée que le Brexit offrait des opportunités et qu'il fallait les saisir.
Vous expliquez que vous allez prendre la nationalité britannique. Cela veut dire que vous y croyez ?
Je crois à la réussite du Brexit et je prends la nationalité britannique tout en gardant la nationalité belge, car je vais être dans la situation qui était celle du Royaume-Uni avant de quitter l'Union européenne, à savoir "un pied dedans, un pied dehors". C'est pour moi la meilleure situation, même si les britanniques n'en ont pas voulu pour leur adhésion à l'Europe. J'estime que les deux nationalités sont essentielles, et c'est l'attitude de la grande majorité des ressortissants européens au Royaume-Uni : ils prennent la nationalité britannique tout en gardant leur nationalité d'origine.
Le gouvernement britannique égrenne toutes les difficultés que les entreprises ou les citoyens pourraient rencontrer à l'occasion du Brexit. La banque d'Angleterre envisage même un crach immobilier... Est-ce qu'ils se trompent tous ?
Vu l'incertitude des négociations, tous les scénarios catastrophes foisonnent. Mais en fait, il y aura un accord, minimal certes, portant peut-être uniquement sur les biens, et cet accord va permettre au Royaume-Uni non pas de quitter l'Europe, mais de quitter l'Union européenne et de pouvoir jouer à fond sur ses atouts qu'il va pouvoir totalement utiliser : la finance offshore, la dérèglementation du marché du travail, la langue anglaise, la résolution de son problème migratoire, le fait que le populisme a disparu alors que le Brexit avait été créé par le populisme et tout cela va attirer les investisseurs étrangers, parce que le Royaume-Uni ne connaît pas le patriotisme économique.
Vous écrivez que "hors de l'UE, le Royaume-Uni va pouvoir devenir un 'État voyou' sans entrave, ni contrainte" ?
Le Royaume-Uni est déjà un État voyou, car le tiers des paradis fiscaux du monde sont sous le contrôle du Royaume-Uni d'une manière ou d'une autre. Mais sans un minimum de contrôle de l'Union européenne, le Royaume-Uni sera libre d'être une zone offshore aux portes de l'Europe.
Vous dites que les inégalités sociales vont s'accentuer, mais que cela va avoir un effet positif. Comment ?
Les britanniques sont darwiniens par nature. Ils croient à la loi du plus fort et l'État n'est pas là pour aider. Dans mon quartier, qui est un bon quartier de Londres, les poubelles sont ramassées deux fois par semaine. Dans les quartiers populaires, elles le sont une fois toutes les deux ou trois semaines. Les gens se rebellent-ils contre ça ? Non, car il y a aussi le plein emploi et le fait que les investissements étrangers vont se poursuivre parce que le Royaume-Uni protège et attire les investisseurs étrangers, notamment dans l'industrie car les travailleurs sont très productifs et il n'y a pas de syndicats.
Est-ce que vous voyez quand même des risques dans ce Brexit ?
Oui, au niveau des banques, le Brexit va accentuer le risque. Mais le Royaume-Uni était une place offshore et le sera à nouveau et même plus puissante que jamais.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.