Lamine Gharbi (FHP) : "Les tarifs hospitaliers ne doivent pas baisser"
Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée, était l'invité de Jean Leymarie, mardi sur franceinfo, pour évoquer les difficultés de son secteur.
Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), invité de l'interview éco sur franceinfo, mardi 16 janvier, s'est alarmé des baisses d'aides accordées par l'État au secteur, redoutant à terme "un risque de diminution de la qualité des soins". Cette prise de parole intervient alors qu'une tribune a été publiée lundi dans le journal Libération, signée par un collectif de 1 000 médecins hospitaliers et cadres de santé.
franceinfo : Le gouvernement veut que les hôpitaux fassent des économies. Comment allez-vous faire ?
Lamine Gharbi : Nous sommes un secteur en grande difficulté, comme l'hôpital public qui totalise un milliard d'euros de déficit. Un tiers de nos cliniques, c'est-à-dire 1 000 d'entre elles, sont en déficit. Nous prenons en charge chaque année neuf millions de patients, dont trois millions en urgence. Nous devons faire face à des tensions hospitalières et des menaces de fermeture. Alors je lance un appel : l'État doit être un partenaire responsable. Aujourd'hui, 150 cliniques ont déposé une demande d'aide exceptionnelle auprès de l'ARS [agence régionale de santé], cela représente plus de 100 millions d'euros de déficit uniquement sur l'année 2016. Nous n'avons aucune réponse. L'État ne nous octroie aucune aide exceptionnelle qui serait intéressante et importante pour pouvoir continuer à mener nos missions de service public. Un établissement de santé privé est une entreprise qui doit équilibrer ses comptes : si le déficit perdure, il y aura des conséquences. La première c'est le report des investissements., notre sanction ultime c'est le tribunal de commerce. Mais il y a également un risque à terme de diminution de la qualité des soins. Ce n'est pas le cas aujourd'hui car les équipes soignantes sont extrêmement dévouées, mais cela arrive à son terme et cela ne peut pas durer.
Que vont devenir les établissements les plus en difficulté ?
Il faut regarder ce qui s'est passé sur les 20 dernières années : il y avait 2 000 cliniques, aujourd'hui il y en a 1 000. Donc il y en a 1 000 qui ont soit disparu soit qui se sont regroupées. La tendance est au regroupement, mais ce n'est parfois pas souhaitable, parce qu'une disparition d'établissement sur un territoire isolé, sur lequel seul l'établissement privé répond aux besoins de santé, n'est pas tolérable. Nous demandons simplement qu'il y ait une pause sur les diminutions de tarif. Cela fait trois ans que le gouvernement précédent nous impose des baisses de tarifs : 2% chaque année, ce qui fait en cumulé 6%.
Que réclamez-vous ?
L'État en début d'année bloque ou gèle des crédits au cas où il y aurait un dérapage des dépenses. Cela représente 400 millions d'euros pour notre secteur. Or, en 2017, non seulement il n'y a pas eu de dérapage, mais nous avons dépensé moins que ce qui nous était octroyé. Nous aurions dû avoir la totalité de la restitution. Pour nous, c'est une rupture de confiance avec la parole donnée et les écrits. Nous nous engageons sur un respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie. Nous sommes pertinents dans notre ensemble parce qu'il y a une diminution des dépenses d'hospitalisation, grâce notamment à la chirurgie ambulatoire, qui génère pour tous des économies de santé. C'est moins coûteux pour la collectivité. Et nous ne sommes pas récompensés de cet effort, ce n'est pas juste. Les tarifs vont être fixés dans quelques semaines, nous demandons que nos tarifs actuels restent pour l'année 2018, qu'il n'y ait pas de baisse.
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