L'interview éco. Pour le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, l'aviation "est une compétition mondiale et acharnée"
Fabrice Brégier, le PDG d'Airbus, est revenu mercredi, sur franceinfo, sur la très bonne année 2016 d'Airbus.
L'avionneur européen a dépassé ses objectifs de livraisons pour 2016, il a fourni 688 avions à ses clients. Le constructeur bat ainsi son record de livraisons pour la quatorzième année consécutive. "Une satisfaction" pour Fabrice Brégier, le PDG d'Airbus, qui a réagi mercredi 11 janvier sur franceinfo.
franceinfo : Il s'agit d'une année record pour les livraisons. En revanche, les commandes ralentissent. Pourquoi les compagnies commandent moins d'avions ?
Le marché du transport aérien reste très positif avec une croissance de plus de 6% au niveau mondial l'an dernier. La raison de ce léger tassement, même si il y a eu tout de même 733 commandes nettes, s'explique par la profondeur de notre carnet de commande : 7000 avions, 1000 milliards de dollars. On doit donc pouvoir proposer des délais de livraisons plus raisonnables. Pour un A 350, il faut attendre cinq ou six ans, donc c'est ça le problème. Le carnet de commandes est tel qu'il faut d'abord qu'on livre ces avions et, ensuite, qu'on monte en cadence.
Qu'est-ce qui vous empêche de monter en cadence ?
On a livré 8% d'avions supplémentaires par rapport à 2015. Nous sommes en croissance de livraison depuis 14 années consécutives et on a l'intention de livrer plus de 700 avions en 2017. C'est dur de monter en cadence mais je suis très fier que mes équipes aient livré 49 A 350. L'objectif de 50 était difficile. Pour moi, ils l'ont atteint.
Est-ce que les compagnies veulent encore des longs courriers ?
Le marché reste très dynamique. Le problème d'Airbus, c'est de continuer à monter en cadence sur l'A 350 et avec une nouvelle version de l'A 330 neo qui va aussi soutenir cette croissance. La petite difficulté sur les plus gros avions, c'est que les compagnies aériennes sont frileuses et elles ont tort. 60% des passagers qui ont pris l'A 380 sont prêts à changer de date, de route ou même payer plus cher pour voler de nouveau en A 380.
N'était-ce pas une erreur de miser à ce point sur cet avion ?
S'il y a eu erreur c'était de le lancer 10 ou 15 ans trop tôt. Ce marché double de taille tous les 15 ans et on ne peut pas imaginer doubler les aéroports donc on aura besoin d'avion plus gros. À nous de convaincre les compagnies.
L'an dernier, à cause de certains fournisseurs, il y a eu des retards. Ces problèmes sont-ils réglés ?
On n'aurait pas livré autant d'avions si on n'avait pas su les régler. Mais c'est vrai qu'on a eu six premiers mois extrêmement difficiles. Des livraisons étaient bloquées. Maintenant, il faut que l'ensemble des partenaires industrielles se mette à niveau en termes de quantité mais aussi de qualité. On a des clients exigeants. Un avion de cette taille, c'est 200 millions de dollars en prix d'achat, donc ils peuvent être exigeant à ce prix-là.
Vous avez livré à la compagnie iranienne un A 321, le premier depuis l'allègement de l'embargo. Combien allez-vous en livrer à l'Iran ?
Je suis très heureux de cette livraison. Nous avions signé un accord l'an dernier et un contrat pour 100 avions. C'est la preuve de notre efficacité et que le marché croît. Nous sommes bien placés pour avoir plus de 50% de ce marché iranien.
Cette année, vous allez supprimer plus de 1100 emplois en Europe. Est-ce uniquement pour améliorer vos bénéfices ?
Je pourrais vous dire qu'on a recruté, sur les avions commerciaux, 1400 personnes cette année pour monter en cadence. Il s'agit de fusionner Airbus et son groupe. On fait face à Boeing, on fera face demain aux Chinois, aux Russes aux Canadiens. C'est une compétition mondiale et acharnée donc il faut être le plus simple, le plus agile et le plus efficace.
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