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Guerre en Ukraine : pour l’économiste Daniel Cohen, la réaction de la Chine va être "la question fondamentale"

Pour le chercheur, spécialiste de la mondialisation, Pékin ne prendra pas le risque de fragiliser son économie. 

Article rédigé par franceinfo
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L'économiste Daniel Cohen était l'invité de franceinfo lundi 14 mars 2022. (CAPTURE D'ECRAN FRANCEINFO)

La Chine va-t-elle aider la Russie ? Face aux sanctions occidentales, Moscou se tourne vers Pékin. Pour Daniel Cohen, président de l’Ecole d’économie de Paris et invité éco de franceinfo, cette question est "fondamentale". Selon lui, la Chine ne prendra pas le risque de fragiliser sa propre économie.   

"Il y a deux guerres, explique-t-il, La première, sur le terrain, où les Ukrainiens font preuve d’un héroïsme extraordinaire. Puis un deuxième niveau, tout à fait différent. C’est la guerre au XXIème siècle. Celle-là, elle va beaucoup dépendre du regard que les Chinois vont porter sur l’aventure Poutine. Déjà, on peut dire, je crois, paradoxalement, que cette deuxième guerre, Poutine l’a perdue. L’Empire qu’il veut construire est en train de s’effondrer comme un jeu de cartes".  

L’impact économique de cette guerre sera terrible pour la Russie. Elle ne s’en remettra peut-être pas. Pour les Chinois, c’est quelque chose de très important.

Daniel Cohen, président de l'Ecole d'économie de Paris

sur franceinfo

Selon le chercheur, Pékin, malgré ses bonnes relations avec la Russie, est particulièrement attentif au retentissement économique de la guerre : "Pour les Chinois, l’économie, c’est l’air qu’on respire. La stabilité interne chinoise dépend de la stabilité interne qui leur est promise".    

La guerre en Ukraine crée des turbulences mondiales. Les chaînes d'approvisionnement, déjà fragilisées par la pandémie, sont encore plus perturbées. L’Europe cherche un moyen de se passer du gaz et du pétrole russe. Ses dirigeants parlent d’autonomie stratégique, de souveraineté. Une prise de conscience indispensable, selon Daniel Cohen.  

On a créé un monde interconnecté qu’on ne sait plus gérer. C’est un peu comme un réseau électrique. On a dépassé le point de charge et les pannes se répètent.

Daniel Cohen

sur franceinfo

"Tout cela, estime le spécialiste, va exiger une respiration pour qu’on comprenne ce qu’on a fait depuis trente ou quarante ans". Il appelle toutefois à la prudence : "Il ne faut pas passer d’une illusion à une autre (…) Il y a des choses dans le domaine des connaissances, dans le domaine des matières premières qui doivent rester mondialisées (…) Nous vivons dans un monde interconnecté, pour des raisons fondamentales. Il faut apprendre à le dominer".  

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