Gaz russe : pour le président d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, c’est aux gouvernements de prendre des décisions
Le président du Conseil d'administration d'Engie estime que c'est à l'Europe d'autoriser ou d'interdire les importations de gaz russes, et d'en tirer les conséquences.
Faut-il arrêter d’acheter du gaz russe ? La question est posée, alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, appelle les entreprises françaises à "cesser de soutenir la machine de guerre russe". Invité éco de franceinfo, Jean-Pierre Clamadieu, le président du Conseil d’administration d’Engie, estime que c’est aux gouvernements de décider.
"Si nous décidions d'arrêter d'acheter du gaz russe, ça suppose immédiatement des décisions des pouvoirs publics pour faire face à une forme de pénurie", explique le dirigeant. "Nous sommes vraiment convaincus que c'est une décision qui doit être prise par la puissance publique et probablement par l'Europe, parce que c'est elle qui a la capacité à prendre de telles décisions et à l'accompagner des mesures qui seraient nécessaires".
L’Europe au pied du mur
Si le robinet était coupé, l’Europe pourrait se passer assez facilement de la moitié des importations de gaz russe, poursuit le président d’Engie. Mais pour compenser l'autre moitié, il faudrait "des efforts de réduction de consommation relativement importants".
Les dirigeants européens se réunissent pour deux jours à Bruxelles. La question de l’énergie sera au centre des discussions. Les 27 envisagent d’acheter du gaz en commun. Pour Jean-Pierre Clamadieu, qui vient de publier L’Europe, avenir de l’industrie française (Le Cherche-Midi), "apporter un peu de coordination est sûrement très utile (…) C’est compliqué, l’Europe n’est pas organisée aujourd’hui pour acheter du gaz, mais le fait qu’elle souhaite, aujourd’hui, apporter cette coordination est un élément très positif".
Des roubles à la place des euros
Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé mercredi que la Russie n'accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'Union européenne. Seuls les roubles pourront être utilisés. Jean-Pierre Clamadieu attend des précisions : "J'avoue ne pas savoir quel est le signal politique que voulait donner Vladimir Poutine, au-delà de la volonté de renforcer sa monnaie, ce qui s'est d'ailleurs produit sur les marchés tout à l'heure, remarque-t-il. Nos contrats prévoient un paiement du gaz en euros, il n'y a pas de clause qui permette au vendeur de changer de devise, donc nous allons essayer de comprendre ce que veut dire cette position qui pour l'instant ne nous a pas été notifiée par notre contrepartie, qui est Gazprom", précise le président d’Engie.
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