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Fabien Choné (Direct Energie) : sur le nucléaire, "Nicolas Hulot n’avait pas le choix"

Fabien Choné, directeur général de Direct Énergie, était l'invité de Jean Leymarie, mercredi soir, à la suite de l'annonce par Nicolas Hulot concernant la nécessité de reporter l'objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à 2035 au plus tard plutôt qu'en 2025.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Fabien Choné, directeur général de Direct Énergie, le 8 novembre 2017. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Fabien Choné, directeur général de Direct Énergie, fournisseur alternatif d'électricité, était l'invité de L'interview éco, mercredi 8 novembre sur franceinfo. Il a salué l’annonce du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, de reporter à 2035 au plus tard l'objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% de la production d’électricité.

Il appelle néanmoins le gouvernement à aller plus loin pour favoriser le développement des énergies renouvelables, en mettant fin aux tarifs d'électricité réglementés : "Il est grand temps de mettre fin à ce mensonge d'État par omission qui consiste à dire 'les tarifs réglementés vous protègent' !"

franceinfo : Le nucléaire va jouer les prolongations, Nicolas Hulot a-t-il bien fait de l'annoncer ?

Fabien Choné : Il a bien fait, surtout il n'avait pas tellement le choix. (...) Le problème, c'est que si vous baissez le nucléaire, vous devez garantir le même approvisionnement et développer d'autres moyens de production qui potentiellement peuvent être émetteur de CO2, donc il y a un problème écologique, social. Fermer énormément de centrales en quelques années, ça pose des problèmes de reclassement et ce n'est pas tellement une surprise. Nicolas Hulot l'a reconnu : tout le monde dans le secteur savait à cette époque-là [au moment du vote de la loi de transition énergétique en 2015] qu'il n'était pas réellement envisageable de tenir cet objectif à horizon 2025 Est-ce qu'il fallait quand même l'écrire pour se donner un horizon, sachant qu'il serait difficilement, voire pas du tout atteignable ? Peut-être. Mais la réalité, c'est qu'avec les analyses que RTE a présentées hier, il n'était plus du tout tenable de continuer à dire : "On va tenir cet objectif à horizon 2025".

Quel est le bon objectif pour Direct Énergie ?

On n'a pas vocation à se positionner sur un choix politique. Ce qu'on souhaite en tant qu'acteur industriel, c'est d'avoir de la visibilité dans le secteur (...) Je pense qu'il était nécessaire de faire cette clarification mais Nicolas Hulot est accusé d'avoir cédé aux pressions de certains lobbys au détriment des ambitions de la transition énergétique. Le conseil et la proposition que j'ai envie de faire, c'est : monsieur le ministre, démontrez que vous êtes capable de prendre des arbitrages en faveur de la transition énergétique, même quand c'est aux dépens de ces mêmes lobbys. Je vais donner un exemple : les tarifs réglementés de l'électricité. Le Conseil d'État a imposé la fin des tarifs réglementés du gaz, il va falloir y mettre fin parce qu'ils protègent les opérateurs historiques. Nous proposons de mettre fin à ces tarifs réglementés de l'électricité parce que c'est une entrave à la concurrence et à l'innovation, à l'investissement et donc à tous les services qui permettent de faire la transition énergétique auprès des clients résidentiels : le développement des véhicules électriques, le développement de l'efficacité énergétique, de l'autoconsommation. La France est très en retard parce qu'on n'a pas mis en place la concurrence qui permet de développer ces services-là

Avons-nous besoin de la concurrence dans ce secteur ? Les énergies renouvelables ne représentent que 16% de notre consommation.

Nous avons besoin de la concurrence pour des raisons de pouvoir d'achat des consommateurs. Vous avez aujourd'hui des offres significativement inférieures aux tarifs réglementés qui permettent aux consommateurs de gagner plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d'euros par an sans aucune difficulté, sans aucune complexité administrative contrairement à ce qu'on a voulu faire croire. Il est grand temps de mettre fin à ce mensonge d'État par omission qui consiste à dire : "les tarifs réglementés vous protègent !" Ces tarifs réglementés protègent les consommateurs de gain de pouvoir d'achat. La France reste en retard car on a souvent opposé la filière nucléaire et les énergies renouvelables. C'est regrettable car ces deux filières ont de grandes qualités écologiques, c'est qu'elles n'émettent pas de CO2, et on a tout intérêt à développer ces énergies-là, du point de vue du réchauffement climatique. Malheureusement, pendant trop longtemps, on a opposé ces énergies-là. Aujourd'hui, on est vraiment dans une logique de développement des énergies renouvelables. Il faut que la France continue dans cette action-là, parce que ça permet non seulement d'aller dans le sens de la lutte contre le réchauffement climatique mais également de développer des filières industrielles qui créent de l'emploi.

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