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Davos : "Le discours de Donald Trump sonne creux" (Sébastien Jean, économiste)

L'économiste, Sébastien Jean, a analysé vendredi sur franceinfo le discours de Donald Trump à Davos. Selon lui, le président des États-Unis "a fait très peu de choses pendant cette année".

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Sébastien Jean, le directeur du CEPII, centre de recherche en économie internationale sur franceinfo, le vendredi 26 janvier 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Donald Trump essaye de faire en sorte que son discours protectionniste ne "retentisse pas trop sur les relations internationales" a expliqué vendredi 26 janvier sur franceinfo, l’économiste Sébastien Jean. Le directeur du CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) analysé la tentative du président américain de modérer ses positions en déclarant que "l'Amérique d'abord, ne signifie pas l'Amérique seule". Des mots prononcés par Donald Trump au Forum de Davos vendredi. 

Pour l'économiste, "la plupart de ses partenaires potentiels et des observateurs trouvent que ce discours sonne creux". Sur les bons résultats économiques des Etats-Unis, Sébastien Jean estime que "Donald Trump a fait très peu de choses pendant cette année", ces "résultats de l'économie américaine en 2017 sont à mettre au crédit de l'Administration précédente" a-t-il indiqué.


franceinfo : "L'Amérique d'abord, ne signifie pas l'Amérique seule" a déclaré ce vendredi à Davos, Donald Trump. Que veut-il dire avec cette déclaration ?

Sébastien Jean : Il essaye de faire en sorte que le discours extrêmement protectionniste et de repli sur soi qu'il a tenu pendant la campagne électorale auprès de son électorat américain ne retentisse pas trop sur les relations internationales. Mais à l'écouter, la plupart de ses partenaires potentiels et des observateurs trouvent que ce discours sonne creux. Parce que, travailler avec d'autres c'est bien, mais il faut que les autres l'acceptent. Pour cela, il faut construire les bases d'un partenariat potentiel. Il faut éventuellement proposer des valeurs partagées, des intérêts, voire des alliances qui se construisent. Or depuis le début, il a défendu l'Amérique en premier. Ce n'est pas vraiment quelque chose d'attractif pour ses partenaires. Il a donné l'impression que tout cela était un jeu à somme nulle. S'il gagne quelque chose, ce sera au détriment de ses partenaires. Il s'est mis à dos les alliés des Etats-Unis les uns après les autres : le Mexique, le Canada, le Japon, en sortant du partenariat transpacifique.

Les déclarations du président américain, ne sont pas toujours très compréhensibles notamment sur les traités commerciaux. Comment l'analyser ?

Il y a un côté tragi-comique dans cette déclaration de Donald Trump. Tout d'un coup, il annonce qu'il serait prêt à renégocier de façon groupée avec les pays membres le partenariat transpacifique dont il a claqué la porte bruyamment l'an dernier. C'est un traité à douze. Les onze restants ont fini par se mettre d'accord. (…) C'est à n'y rien comprendre. C'est pour cela que son discours sonne creux. Quand on est aussi inconstant, imprévisible, il est très difficile pour des partenaires de se dire qu'on peut construire quelque chose ensemble. Dans le même temps, il revendique que son mandat politique est de défendre les intérêts des Américains. Il revendique cette volonté d'attirer des entreprises, des investisseurs aux États-Unis comme étant potentiellement, pour lui, l'un des facteurs de croissance et de redynamisation du pays. Est-ce qu'il s'en est donné les moyens au-delà de ces quelques déclarations qui sont de la communication un peu facile ? Ça reste à voir. Mais ça fait partie des axes affichés dans sa politique.

Donald Trump a-t-il contribué à redresser l'économie américaine ?

Il s'en est vanté, en effet. La première chose à souligner est que finalement Donald Trump a fait très peu de choses pendant cette année. Il a créé une situation extrêmement tendue, à Washington, notamment dans ses relations avec le Congrès. Si bien que sur les grands dossiers qu'il avait mis en avant, il n'est pas parvenu à obtenir une décision. La seule victoire qu'il ait obtenue, c'est la réforme fiscale. Il a réussi à la faire voter en décembre. Elle n'est toujours pas entrée en vigueur. Il n'y est pour grand-chose dans les résultats de l'économie américaine qui sont relativement bons en 2017. Ils sont à mettre au crédit de l'administration précédente. Ils sont le prolongement d'une phase de croissance. Elle était déjà assez longue. Le résultat est que le taux de chômage est très faible aujourd'hui aux États-Unis.

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