Budget : "L’Italie est un problème européen plus grave que celui de la Grèce"
Olivier Klein, président de la section française du think tank de la Ligue Européenne de Coopération Economique, était l'invité d'Emmanuel Cugny lundi 22 octobre.
La zone euro est aujourd’hui aux prises avec le Brexit et la situation en Italie. Rome a engagé un bras de fer avec Bruxelles sur son projet de budget 2019. Malgré les critiques de la Commission européenne, la coalition populiste au pouvoir maintient inchangé son projet de budget jugé dangereux par Bruxelles.
franceinfo : La zone Euro est aujourd'hui aux prises avec le Brexit ou encore la situation politique et économique de l'Italie. Quel regard portez-vous sur le cas italien ?
Olivier Klein : C'est un problème européen plus grave que celui de la Grèce, car l'Italie est une très forte économie au sein de la zone Euro et au sein de l'Europe en général. Ce sera beaucoup plus difficile à régler que pour la Grèce. Le gouvernement a voulu faire un bras de fer avec Bruxelles, tout en apportant quelques précisions : il souhaite mener un budget qui peut laisser croire que ce sera très difficile de maintenir la dette et le déficit budgétaire en même temps. Il y a des risques de dérapages très importants. L'Italie assure qu'elle ne laissera pas déraper sa dette, mais c'est peu probable. Il serait très difficile à la fois de baisser les impôts pour les particuliers, de donner un revenu universel pour 6,5 millions de personnes, et de diminuer l'âge de départ en retraite.
Si le bras de fer se poursuit entre Rome et Bruxelles, il y a un risque pour la zone Euro?
La question pour Bruxelles n'est pas seulement de faire respecter des chiffres un peu "fétichistes", comme les 3% de déficit public. La vraie question est que depuis 20 ans, l'Italie a des difficultés structurelles très importantes. Elle a un taux de croissance bien inférieur à celui du reste de la zone Euro: il est de 10% quand celui de la zone Euro hors Italie est de 40%. C'est la même chose pour les parts de marché dans les exportations mondiales, pour la capacité de production manufacturière... Ça n'est pas en en ajoutant et en faisant des mesures qui ne règlent en rien le problème mais qui vont contribuer à l'aggraver qu'elle va s'en sortir.
Vous êtes plutôt inquiet ou plutôt serein quant à l'avenir de la zone Euro ?
Il y a aujourd'hui ce pas du gouvernement Italien qui assure qu'il ne laissera pas déraper la dette et qu'il changerait sa politique budgétaire si c'était tout de même le cas. Espérons que cela puisse se faire et que Bruxelles arrivera à trouver un accord avec l'Italie. Si jamais il n'y avait pas d'accord, ce qui est le risque majeur actuellement, et si le gouvernement Italien dérapait dans sa façon de conduire sa politique budgétaire, ce serait un cercle vicieux. Les taux d'intérêt monteraient et le remboursement de la dette italienne deviendrait compliqué, puisqu'elle est déjà à plus de 130% de son PIB. Si on l'augmente encore, le risque d'insolvabilité de l'Italie peut arriver. Il faut espérer que le gouvernement Italien ne se laissera pas aller à cela car la population italienne est très désireuse de rester dans l'Euro. Le gouvernement vient d'ailleurs de préciser qu'il n'avait aucune intention de sortir de l'Euro.
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