Brexit : "On craint le pire", alerte le directeur du Comité national des pêches
Pour les pêcheurs français, le Brexit a une importance majeure. Hubert Carré, directeur du Comité national des pêches, avertit : si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne sans accord, toute la filière serait touchée.
Mardi 12 mars, les députés britanniques doivent voter pour ou contre le divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne. La confusion est totale. Impossible de dire si le Brexit aura lieu, comme prévu, le 29 mars prochain.
Pour les pêcheurs français, l’enjeu est crucial. Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches, l'a dit sans détour, lundi, dans L'interview éco sur franceinfo : "On craint le pire car les Britanniques sont dans une totale indécision." Un Brexit sans accord, le 29 mars, entraînerait aussitôt "l’interdiction d’aller dans les eaux britanniques".
Les eaux britanniques sont extrêmement poissonneuses
Hubert Carré, directeur du Comité national des pêchessur franceinfo
Or, aujourd’hui, les pêcheurs français ont besoin d’accéder aux eaux britanniques : "De Dunkerque à Lorient, certains pêcheurs y font jusqu’à 50% de leur chiffre d’affaires", assure Hubert Carré. Il faut aussi, rappelle le directeur du Comité national des pêches, penser au reste de la filière : "Si les bateaux ne pêchent pas, ils n’alimentent pas les ports, les mareyeurs, les circuits de la distribution. Il peut y avoir des séismes."
Un risque de bataille navale
Il y a quelques mois, pêcheurs français et britanniques de coquilles Saint-Jacques se sont affrontés physiquement, dans des scènes dignes d'une bataille navale. Pour Hubert Carré, le problème économique est aussi "un problème d’ordre public". Il estime que "jusqu’à maintenant, la mer était suffisamment vaste pour que chacun puisse exercer son talent. S’il y a un repli dans les zones économiques des Etats membres, les différents métiers se concentreront dans des zones beaucoup plus étroites."
En cas de Brexit dur, certains bateaux seraient mis à l’arrêt. Une indemnisation européenne est prévue, explique Hubert Carré. Selon lui, en France, "on peut se permettre d’avoir des arrêts temporaires jusqu’à fin décembre". Si l’accord de divorce est finalement validé, cela ouvre "une période de moins grande incertitude" mais il faudrait tout de même négocier "un accord futur". Pour les pêcheurs, pas question de conclure "un accord séparé des autres accords économiques".
Dans les négociations avec les Britanniques, Hubert Carré compte sur l’Union européenne, pourtant souvent critiquée par les pêcheurs eux-mêmes : "Elle a permis de rétablir les stocks. La politique commune de la pêche est très protectrice. L’Europe des 27 devra négocier. Si le Royaume-Uni devient un Etat tiers, il sera souverain dans ses eaux et fera ce qu’il veut."
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