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Alain Thébault (Sea Bubbles) : "Pour les start-ups, en France, c’est compliqué"

Alain Thébault, co-fondateur des "Sea Bubbles", invité mardi de franceinfo, ne testera pas ses "taxis-volants", à Paris, sur la Seine. Sa start-up s'est installée en partie en Suisse, et réalise sa levée de fond - 100 millions d'euros - à l'étranger.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Alain Thébault est le cofondateur de Sea Bubbles. (CAPTURE D'ÉCRAN / RADIO FRANCE)

Alain Thébault, navigateur et entrepreneur, co-fondateur des "Sea Bubbles" (petits bateaux électriques volants à la surface de l'eau tels des taxis volants), était l'invité de l'interview éco mardi 31 octobre. Il devait tester ses engins sur la Seine à Paris, comme il l'avait annoncé sur franceinfo il y un an. Ils seront finalement expérimentés à Genève en Suisse. En cause notamment : les "règles de sécurité", vieilles "de 140 ans" sur la Seine.  Mais à la demande de la maire de Paris, Anne Hidalgo, des "Sea Bubbles" navigueront quand même, provisoirement, sur la Seine, quelques jours, au mois de décembre.  

Pourquoi abandonnez-vous la France ?  

Anne Hidalgo a effectué avec nos ingénieurs le premier vol sur le prototype de 'Sea Bubble' sur la Seine, au pied de la Tour Eiffel, il y a quelques mois. C'était une étape décisive pour nous. On était ravi de faire faire un vol à la maire de Paris. Nous avons ensuite construits cinq bulles de pré-série. Nous les avons construites sur les chantiers de Solar Impulse en Suisse, à Lausanne, et aujourd'hui, on a tout un écosystème en Suisse qui nous accueille à bras ouverts (…) Dans notre start up, nous sommes 14, dont dix jeunes de moins de 25 ans : le "green", ce sont les emplois de demain. Je suis très attaché à mon pays, j'ai quatre enfants. C'est vrai qu'on a démarré en France, [mais] on a des demandes du monde entier, donc on ne va pas s'obstiner : c'est vrai que c'est un peu compliqué en France !

Qu’est-ce qui bloque ?

Il y a eu un vent de fraîcheur avec la "start up nation" chère à Emmanuel Macron que je respecte beaucoup (...), mais au quotidien, dans la réalité, on fait face à des administrations -que je ne souhaite pas fustiger-, des règles de sécurité qui datent de 140 ans et qui limitent la vitesse sur la Seine à 12 = km/h. C’est très bien pour les péniches ou les bateaux mouches, qui génèrent des vagues qui gênent les riverains. Nous on égratigne la surface de l'eau : zéro vague, zéro bruit, zéro pollution. Donc on a sollicité un aménagement des règles.

Vous prévoyiez une levée de fonds de 100 millions, allez-vous réussir à la mener en France ?

Malheureusement cette levée de fonds se fera entièrement à l'étranger. Les investisseurs en France sont présents mais on est dans une banque BNP Paribas, (...) qui m’a dit : "On ne prête pas d'argent aux entrepreneurs." Et ça n’est pas acceptable, on ne peut pas avoir un double discours dans ce pays. (…) Je pense que nos bulles seront utiles pour le plus grand nombre, parce que la problématique dans les villes du monde entier, c'est des voies sur berge congestionnées et un espace utilisable sur l'eau qui reste disponible pour tous.

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