Rapport Borloo : "Je crois au fait que le président donne des signaux forts pour que ces propositions puissent s'engager", estime Olivier Klein
Invité politique du 19h20, lundi sur franceinfo, le maire socialiste de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, est revenu sur le rapport Borloo sur la politique de la ville et des banlieues. Emmanuel Macron réunit des acteurs du secteur mardi à L'Elysée.
Presque un mois après la remise du rapport Jean-Louis Borloo sur la politique de la Ville et des banlieues, Emmanuel Macron réunit mardi 22 mai des acteurs du secteur à l'Elysée. Il dévoilera des initiatives pour améliorer la vie dans les quartiers défavorisés, sans toutefois reprendre les 19 propositions de l'ancien ministre. Invité lundi 21 mai sur franceinfo, Olivier Klein, maire socialiste de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), affirme que le pire dans les quartiers "c'est la gestion du temps : les gens ont le sentiment qu'on leur demande de se projeter sur des temps longs alors que c'est leur quotidien qui doit changer." L'élu croit "au fait que le président donne des signaux forts pour que ces propositions puissent s'engager avec une vraie mobilisation de l'ensemble des acteurs."
franceinfo : Qu'attendez-vous demain du président de la République ? Des mesures concrètes ?
Olivier Klein : Je crois depuis toujours à l'idée que l'action pour nos quartiers c'est une somme d'actions. Il ne peut pas y avoir trois, quatre, dix propositions qui feront changer la vie dans nos quartiers, c'est vraiment un engagement, une philosophie, une méthode qui doit s'attacher à toutes les problématiques en même temps. Je crois que l'erreur des précédentes politiques de la ville c'est de ne jamais avoir été capables d'investir tous les champs en même temps : le logement, l'école, les transports, la sécurité... La proposition qui est faite aujourd'hui autour des 19 propositions c'est d'essayer de faire ça. Je crois au fait que le président donne des signaux forts mardi pour que ces propositions puissent s'engager avec une vraie mobilisation de l'ensemble des acteurs.
Le rapport de Jean-Louis Borloo peut-il être écarté par Emmanuel Macron ?
Je ne peux pas croire qu'il soit purement et simplement écarté. Qu'est-ce qu'on fait pour que l'école soit l'école de la réussite du plus grand nombre ? Qu'est-ce qu'on fait pour ne pas attendre 10 ans qu'un tramway arrive ? Qu'est-ce qu'on fait pour que l'action publique donne des signes tangibles immédiatement ? C'est ça, je crois, que le président doit nous donner. Aujourd'hui, le pire dans nos quartiers, c'est la gestion du temps. Les gens ont le sentiment qu'on leur demande de se projeter sur des temps longs alors que c'est leur quotidien qui doit changer. Moi j'attends un certain nombre de propositions qui fassent qu'on s'engage sur la durée et qu'en même temps chacun des habitants de nos quartiers sentent que chaque jour ça va mieux.
Est-ce que l'État doit mettre de l'argent sur la table ?
Il faut des moyens. Beaucoup de villes des quartiers populaires sont souvent des villes pauvres et qui doivent gérer des populations fragiles. Une des difficultés d'une ville comme la mienne à Clichy-sous-Bois, c'est qu'on accompagne les populations, on essaye de leur apporter la meilleure école, un accès aux soins, aux services sociaux et dès qu'elles commencent à aller mieux, elles partent. Pourquoi ? Parce que la question des transports n'est pas réglée, parce que la question de l'emploi n'est pas réglée. C'est pour ça qu'il faut une mobilisation de chaque instant qui fasse que le quotidien des gens s'améliore concrètement.
L'une des rares mesures qui a été mise en oeuvre depuis le discours d'Emmanuel Macron à Tourcoing en novembre dernier ce sont les emplois francs. Pour vous, en faut-il plus dans les quartiers ?
Il faut non seulement plus d'emplois francs mais il faut inventer des emplois francs associatifs. Dans ma ville par exemple, j'ai recruté 20 contrats d'avenir, 13 sont aujourd'hui en cours de devenir stagiaires et donc fonctionnaires de la fonction publique territoriale. Donc il faut évaluer ces politiques publiques et là où on démontre que ces emplois aidés débouchent sur des emplois pérennes, il faut donner les moyens aux associations, aux collectivités locales de recourir à nouveau à ces emplois.
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