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Salon du Bourget : l'aviation, histoire d'une passion française

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grùce à l'historien Fabrice d'Almeida.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le Salon international de l'aéronautique du Bourget, en juin 2023. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Le salon du Bourget fermera ses portes dimanche 25 juin, son histoire est riche en rebondissements. Retour dans un monde oĂč l'on parlait plus de records et moins d'Ă©conomies d'Ă©nergie. Tout commence en 1909. Ce Salon international de l'aĂ©ronautique et de l'espace (SIAE) est sĂ©culaire, il remonte aux dĂ©buts de l'aviation, au moment oĂč Le Bourget Ă©tait encore un minuscule aĂ©roport. Il n'en avait pas beaucoup en rĂ©gion parisienne et c'Ă©tait le principal. Et donc on dĂ©cide de faire cette exposition et, en mĂȘme temps, d'ouvrir au Grand Palais une autre exposition pour prĂ©senter les modĂšles qui font rĂȘver le grand public. Et puis, progressivement, la procĂ©dure va changer. Dans l'entre deux guerres, il y aura encore plus de dĂ©monstrations au Bourget et Ă  partir de 1953, on dĂ©cide que le salon se tiendra seulement sur l'aĂ©rodrome Et, cette annĂ©e-lĂ , grande innovation, nous apprennent les actualitĂ©s filmĂ©es : on va conduire les visiteurs, en tout cas les VIP, en hĂ©licoptĂšre au salon. "À cet effet, d'une porte de Paris Ă  l'aĂ©rodrome, une navette a Ă©tĂ© organisĂ©e et les amateurs de sensations nouvelles auront pu se familiariser avec les modernes taxis du ciel, dont l'un Ă©tait pilotĂ© par la seule pilote militaire d'hĂ©licoptĂšre, mademoiselle AndrĂ©, qui sauva dans son appareil plus de 600 blessĂ©s en Indochine. Cette grande manifestation française, qui regroupe 156 exposants et qui a trouvĂ© un cadre Ă  sa mesure, celui d'un grand aĂ©roport." La future gĂ©nĂ©ral AndrĂ© s'Ă©tait livrĂ© Ă  cet exercice. Et c'est vrai qu'au manche d'un hĂ©licoptĂšre amĂ©ricain, elle avait Ă©tĂ© une des grandes sauveteuse en Indochine.

Des crashs qui restent dans les mémoires

Le salon va continuer. Il est Ă  dĂ©plorer quelques incidents graves et des crashs, dont celui de 1965 avec un bombardier amĂ©ricain B58 qui, alors qu'il arrivait d'Espagne, s'Ă©crase sur la piste. Et surtout, il y a celui qui va rester comme l'Ă©vĂ©nement majeur du salon du Bourget. Le 3 juin 1973, le Tupolev 144, le sosie du Concorde, s'Ă©crase sur Goussainville. Ecoutez le ton dramatique de France Inter ce jour-lĂ . "Bonsoir. Il Ă©tait 15h29 cet aprĂšs-midi au Bourget. La grande fĂȘte de l'aĂ©ronautique battait son plein. 300 000 spectateurs Ă©taient venus assister au meeting de clĂŽture. Tout le monde regardait l'un des clous de la rĂ©union, l'Ă©volution du Tupolev 144, qui est un peu le rival de Concorde. L'avion a brutalement explosĂ© dans un gigantesque jaillissement de flammes et les dĂ©bris sont allĂ©s s'Ă©craser sur la petite ville de Goussainville, au milieu de nombreux pavillons. Ecoutez ce tĂ©moignage d'une habitante de Goussainville au micro de Pascal Delannoy. 'Ça tombait juste au-dessus de ma chambre, lĂ . C'Ă©tait effroyable. Il y avait de la fumĂ©e, des flammes dans tous les coins. Je suis sortie en courant, ça brĂ»lait partout, les voitures, dans la rue, c'Ă©tait affreux. Affreux Ă  dĂ©crire, on ne peut mĂȘme pas expliquer. Ce n'est pas possible'."

C'est une consternation parce que cet avion russe avait dĂ©jĂ  une expĂ©rience. Le Concorde avait fait une dĂ©monstration magnifique et sans doute les Russes ont-ils essayĂ© d'amĂ©liorer un peu leurs performances. Le dĂ©but du vol du Tupolev se passe bien, et Ă  un moment donnĂ©, sans doute le pilote a-t-il voulu modifier les caractĂ©ristiques de l'appareil, notamment son nez. Et lĂ , il part en piquĂ©, il essaie de se redresser et au moment oĂč il se cabre, l'avion va vĂ©ritablement exploser et partir en milliers de dĂ©bris qui vont s'abattre sur la banlieue parisienne.

Mais le salon va continuer avec la mĂȘme fascination. Il y aura d'autres accidents. Un Fairchild A10 en 1977, un Mig-29 en 1989, un SukhoĂŻ Su-30 en 1999... Mais au fond, on peut dire qu'il y a une passion française pour l'aviation qui fait que le salon continue de rester un des lieux oĂč on aime aller, se rendre compte de ce qui se passe. Et c'est un des plus grands salons aĂ©riens au monde. C'est-Ă -dire que l'ensemble des industries aĂ©riennes viennent y prĂ©senter leurs plus beaux modĂšles, leurs derniers modĂšles et les modĂšles d'avenir. Ce qui fait qu'on va sans doute passer dans ce salon de discussions sur les performances qui Ă©taient celles du dĂ©but du siĂšcle Ă  celles de nos jours, qui sont celles sur la rĂ©duction des Ă©missions et, au fond, une contribution de l'aviation au dĂ©veloppement durable.  

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