L'info de l'histoire : les mensonges de la République

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac prend la parole à l'Assemblée nationale, le 20 novembre 2012 (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

À l’occasion des polémiques autour des déclarations de la ministre de l’Éducation nationale, l’occasion est belle de revenir sur la place des mensonges dans notre République. Et cela remonte loin, à l’origine même de cette forme de gouvernement. 

Rappelez-vous : Louis XVI est accusé d’entretenir des relations avec les ennemis de la Révolution. Il nie, mais la preuve contraire est bientôt donnée par sa tentative de fuite qui échoue à Varenne, en 1791. Et l’année suivante des documents accusateurs sont trouvés aux Tuileries qui entraînent sa mise en accusation. En fait, Louis XVI a menti, il a trahi la révolution : son sort était scellé. S’il ne pouvait incarner le nouveau monde, il devait disparaitre. Or ce nouveau monde c’était celui de la politique de la raison et de la vérité, l’héritier des Lumières. Ainsi s’est imposé notre idéal républicain. La république est engendrée par les mensonges de la royauté.

Mais évidemment, rien ne change. Les mensonges reprennent de plus belle de la Ie à la IIIe République. Sous la IIIe République notamment, l’affaire Dreyfus montre que mentir et faire des faux ne paie pas, puisque les auteurs sont défaits publiquement. Et malgré cela, le 28 octobre 1904, le général André nie avoir établi des fiches sur les militaires en fonction de leur rapport avec l’Église catholique et avec la franc-maçonnerie. Il ment comme un arracheur de dents, car cela fait deux ans qu’il se sert de son fichier pour choisir qui sera promu. Le lendemain, il fait détruire les fiches, mais c’est trop tard.  Le scandale est lancé et son mensonge est éventé.

C’est déjà le mensonge criant d’un ministre face à la représentation nationale. Le même cas de figure s’est retrouvé dans l’affaire Cahuzac.

En France, le mensonge n'est pas un crime

Et tous les présidents de la Ve République ont été pris en flagrant délit de mensonge à un moment ou un autre. Même de Gaulle, face au conflit algérien. Le rappeur Orelsan disait avec humour dans sa chanson Basique en 2017 : "Les hommes politiques doivent mentir, sinon tu voterais pas pour eux"

Cela dit, le mensonge en France n’est pas un crime. Notre République a besoin de vérité pour exister. Mais elle n’a jamais pris la peine de faire du mensonge en soi un crime. Alors que les Américains, eux, grâce aux parjures, peuvent en faire un objet de poursuite. La plupart de nos mensonges ne sont donc pas poursuivis en tant que tel, mais plutôt pour les préjudices qu’ils créent, voire les fraudes qu’ils couvrent. Voilà de quoi méditer en ces temps où la bonne information et l’idée même de vérité sont remises en cause dans nos démocraties.

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