L'info de l'histoire : ces espions russes qui sillonnent l’Europe

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'ambassade russe à Berlin (Allemagne) en février 2024. Photo d'illustration (IMAGO/CHRISTOPH WORSCH / MAXPPP)

Deux agents de l’espionnage russe ont été arrêtés cette semaine en Allemagne. Ils sont accusés de préparer une opération de sabotage. Les autorités allemandes ont repéré ces deux Germano-Russes qui s’apprêtaient à agir contre l’aide à l’Ukraine. Elles avaient sans doute en tête des actes comme ceux qui ont eu lieu en 2014 en Tchéquie : une usine de fabrication de poudre, à Vrbetice, avait été l’objet d’une explosion puissante, faisant deux morts. Une autre avait suivi quelques mois plus tard. Ces faits ont été rendus publics par le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, en 2021. Il a accusé le GRU et son unité d’action 29155 d’être responsables de ces dommages.

Depuis la guerre froide, la Russie a fait de l’Allemagne un terrain de jeu pour ses services qui s’appuyaient sur les services secrets est-allemands. Dans les années 1980, on évaluait à pas moins de 4 000 hommes et femmes, certains dans des postes en apparence subalternes, le nombre de ces espions. Mais avec le temps, des taupes entrées dans les années 1950 ont même occupé des postes de premier plan, comme Günter Guillaume, ce conseiller du chancelier ouest-allemand Willy Brandt dont on découvre en mars 1974 qu’il est capitaine dans les services est-allemands. Brandt est contraint à la démission par cette affaire qui montre combien les services d’espionnages d’Europe de l’Est prospèrent en Europe, comme ceux des Russes aujourd’hui.

En France aussi

La France, bien sûr, n’échappe pas non plus à leurs réseaux, et un agent du KGB défaillant a même informé la CIA sur l’existence d’une taupe française au sein de l’Otan, voire des services de renseignements. Il faut quelques années pour isoler le cas de Georges Pâques, un Français qui depuis 1944 travaillait pour l’Union soviétique par conviction. Il est condamné à la perpétuité en 1964. Il est gracié par le président Pompidou, qui avait été son condisciple à l’école normale supérieure. Depuis, d'autres agents soviétiques ont été dévoilés, comme le consul russe de Marseille, en 1980. Il avait obtenu les plans et les tests du Mirage 2000.

En fait, les tentatives de sabotage actuelles sont à replacer dans cette perspective d’une puissance impérialiste qui cherche toujours les moyens d’affaiblir ses adversaires, ses concurrents et même d’inféoder ses partenaires. Tout cela fait partie de la panoplie des agents secrets.

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