Elle a produit 400expertises judiciaires. Le mensonge a duré cinq ans : entre 2003 et 2008,Régine Labeur était une habituée des tribunaux. A Bordeaux, à Périgueux, àBergerac, les magistrats la connaissaient bien. Ils sollicitaient son avis dansdes affaires de viol, de harcèlement, de maltraitance. Personne ne mettait endoute ses qualités. Pourtant, Régine Labeur avait tout inventé.Dans Le Parisien Magazine,Jean-Pierre Vergès raconte l'histoire depuis le début. Nous sommes en 2003, àPérigueux. Régine Labeur, qui a 46 ans, s'inscrit à la DDASS en tant que"psychologue". Si quelqu'un l'interroge, elle produit toute une sériede papiers : une capacité en droit, une licence, une maîtrise et un DESS enpsychologie avec la mention "bien" ! La DDASS n'y voit que du feu. Pourtant, Régine Labeur a fabriqué tousces documents elle-même, grâce à des modèles et des tampons sur internet. Sonseul vrai diplôme, c'est le BEPC. Régine Labeur a été secrétaire-comptable,aide-soignante, elle a même géré une société de taxi - les taxis"Régine". Mais elle n'a jamais été psychologue.La machine à mensonges estenclenchée. Régine Labeur contacte des juges de Périgueux. Elle est recommandéepar des amis policiers. Les magistrats la nomment dans plusieurs affaires. Ilsla trouvent dynamique, convaincante. L'un des juges l'incite à s'inscrirerapidement comme "expert judiciaire". Régine Labeur se lance. Ellerédige ses expertises dans un langage facile à comprendre.Ses rapports sont truffésd'erreur. Pourtant, ils sont validés : 400 expertises en cinq ans, donc, avecdes conséquences terribles pour les personnes qui sont expertisées. Dans LeParisien Magazine, une mère de famille explique qu'elle a perdu la garde de sesenfants pendant quatre années, à la suite d'un rapport de Régine Labeur. Lafausse psychologue l'accusait d'être une mauvaise mère.La tromperie aurait pu durerlongtemps. Mais en avril 2009, le mari de Régine Labeur décide de toutdéballer. Sa femme veut le quitter. Qu'à cela ne tienne. Il la dénonce à lapolice. La fausse psychologue passe aux aveux, sans difficulté : "j'en aiassez de tout ça (...) ça me libère de tout vous dire". Elle est jugée unepremière fois, et condamnée : quatre ans de prison, dont deux ans ferme. Ellefait appel. Le nouveau procès débute aujourd'hui à Toulouse. Vingt quatrepersonnes se sont portées parties civiles. Dans Le Parisien Magazine,Jean-Pierre Vergès essaie de comprendre les raisons profondes de cet énormetromperie. Il y a l'appât du gain, bien sûr - Régine Labeur a touché 70 000euros. Et puis il y a une "fragilité narcissique". Car bien sûr,Régine Labeur a été expertisée, à son tour. C'est l'ironie de cette histoire.Le psychiatre qui a examiné l'accusée a eu des mots sévères. En mentant,dit-il, Régine Labeur a éprouvé un "sentiment de jouissance" :"sa toute-puissance lui a permis de mettre les autres en positiond'infériorité et des les avoir à sa merci".