Téléphone : derrière les chansons, les rancoeurs
C'est l'Arlésienne. Depuis vingt-six ans ans, depuis que Téléphone a disparu, les fans rêvent d'une renaissance. Le succès serait assuré : une grande tournée, des concerts au stades de France. Le groupe de rock a encore un public, tous ceux qui se rappellent cette décennie 1976-1986 : 470 concerts, six millions d'albums vendus, et des tubes à foison : "Un autre monde, "Cendrillon", "La bombe humaine", "Ca c'est vraiment toi...". Le parfum musical du début des années 1980.
Ca a failli marcher, plusieurs fois. Une première tournée est annoncée pour l'année 2000. Elle est annulée. Une deuxième fois, en 2010, c'est presque officiel : une tournée aurait lieu en 2012, ou en 2013, au plus tard. Aujourd'hui, il n'en est plus question. Dans le nouveau numéro de M, le magazine du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme consacrent une longue enquête à Téléphone. Ils révèlent les rancoeurs entre les membres du groupe.
Ils sont quatre : Jean-Louis Aubert, bien sûr, qui chante et joue de la guitare ; Richard Kolinka, à la batterie ; Louis Bertignac, à la guitare et la quatrième, la moins connue, Corine Marienneau, la bassiste de Téléphone. Première révélation : en 1999, alors qu'un retour du groupe est envisagé, Jean-Louis Aubert contacte l'INPI, l'Institut national de la propriété industrielle. Il dépose officiellement la "marque" Téléphone. A son nom, sans consulter les autres. Dix ans après, il renouvelle l'opération (il faut le faire tous les dix ans). Corine Marienneau ne le supporte pas. Elle dépose le nom à son tour. Une rupture symbolique. Téléphone est déchiré.
Corine Marienneau, la seule femme du groupe, celle qui se sent tenue à l'écart. Deux fois, en 2009 et en 2010, elle écrit aux autres : elle est prête à renouer. Elle ne reçoit aucune réponse. En revanche, selon le magazine du Monde, la même année, en 2010, il est question de reformer le groupe sans elle. Un dédommagement est même envisagé : 200 000 versés à Corinne Marienneau pour qu'elle accepte de se retirer. Richard Kolinka affirme que c'est une fausse rumeur.
Le mal est fait. La tension est à son comble. Comment l'expliquer ? D'abord, il y a eu les histoires d'amour. La passion. Corinne Marienneau avec Louis Bertignac, puis avec Jean-Louis Aubert. Il y a aussi les histoires d'argent et la prééminence de Jean-Louis Aubert. Depuis 1983, et un contrat à la SACEM, le leader de Téléphone touche 40% des droits d'auteur ; les autres, seulement 20%. Des quatre, c'est lui qui a le mieux réussi. Derrière les tubes, la réalité financière. Les rancoeurs et les ego. Le conte de fée semble loin. Heureusement, il reste les chansons.
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