Olivier Ameisen, le médecin qui veut vaincre l'alcoolisme
Avant d'être une théorie, c'est une expérience, la vie intime d'Olivier Ameisen. Les débuts sont brillants. Il passe à son bac à 16 ans. Il hésite à devenir pianiste professionnel. Il rencontre même Arthur Rubinstein. Finalement, il opte pour la médecine et une spécialité prestigieuse, la cardiologie. Tout s'enchaine : une carrière aux Etats-Unis, un cabinet à New York, un poste de professeur associé à l'université, beaucoup d'amis, beaucoup de réussite. Le Français a du talent. Il écrit même des chansons. Et pourtant, il ressent une angoisse de plus en plus forte.
Olivier Ameisen se met à boire, beaucoup. L'envie d'alcool est irrépressible. A la fin des années 90, le cardiologue devient dépendant et ne parvient plus à le cacher. Alors il se prend en main, passe des mois en cure de désintoxication. Il fréquente assidument les alcooliques anonymes, en vain. A chaque fois, il rechute.
Un jour, il entend parler du baclofène, un relaxant musculaire bien connu qui aurait eu des effets inattendus sur un cocaïnomane, en diminuant l'envie de la drogue. Le cardiologue n'a rien à perdre. En 2002, il décide de tester le baclofène sur lui-même. A haute dose : jusqu'à 270 mg/jour. Olivier Ameisen se transforme en cobaye. Il en sort métamorphosé : le baclofène lui a enlevé toute envie d'alcool. Il a peu d'effets secondaires. Un miracle.
Cette expérience, le médecin veut la faire partager. Il écrit plusieurs articles enthousiastes dans de grandes revues médicales. Mais beaucoup de spécialistes restent sceptiques. Ils pointent le manque de recul et d'essais cliniques. Ils demandent des preuves.
En 2008, Olivier Ameisen publie "Le dernier verre" (Denoël), un récit à la fois médical et personnel. L'ouvrage a du succès. Des médecins commencent à prescrire du baclofène à leurs patients alcooliques. Très vite, des milliers de malades vont mieux. L'alcool sort de leur vie. Ces patients deviennent à leurs tours des croisés du baclofène. Bientôt, des essais rigoureux permettront de répondre à cette question : ce médicament guérit-il l'alcoolisme ? Ce serait une révolution.
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