Les enseignants du collège du film "Entre les murs" sont en grève
C'est l'ancien collège de
l'écrivain François Begaudeau. Il y enseignait le français. Il a écrit un livre
pour raconter la vie quotidienne dans l'établissement. Le livre est devenu un
film, réalisé par Laurent Cantet. François Begaudeau y jouait son propre rôle.
En 2008, il a obtenu la Palme d'or au festival de Cannes.
C'est une fiction,
proche du documentaire. Les spectateurs ont découvert la vie d'un collège de
ZEP, avec ses espoirs, ses réussites, mais surtout ses naufrages, les énormes
difficultés pour faire tourner l'établissement. Les élèves viennent souvent de
familles pauvres, immigrées. Certains sont complètement perdus. La tension est
très forte, entre les adolescents, face aux enseignants, et parfois aussi entre
les adultes eux-mêmes.
Ce que vous avez lu dans le
livre, ou ce que vous avez vu dans le film, c'est la situation d'aujourd'hui au
collège Mozart, dans le nord de Paris. Depuis lundi, les enseignants sont en
grève reconductible. Ils sont à bout. D'après eux, l'établissement est au bord
de l'implosion. Pourquoi ? Parce qu'il n'a plus les moyens de travailler.
Les
professeurs absents sont peu ou pas remplacés.
Une enseignante du collège le
dit sans détour : "personne ne veut venir enseigner à Mozart". Elle
donne un exemple: depuis le mois de septembre, les élèves de trois classes ont
manqué l'équivalent de dix semaines de cours de mathématiques. Ca fait déjà un
tiers de cours en moins. En anglais ou en espagnol, ça ne va pas mieux.
Selon les enseignants, ce
manque de moyens a des conséquences lourdes sur les élèves. Une professeur
d'histoire explique qu'ils ont l'impression d'être laissés pour compte. Ce
sentiment renforce les difficultés sociales et scolaires. Sept ans après le
livre de Begaudeau, elles sont toujours criantes. Au collège Mozart, un élève
sur deux est boursier. Au brevet, le taux de réussite est faible : il est
seulement de 62%.
Les professeurs décrivent un
climat de tension, de fatigue, des adolescents qui trainent dans les couloirs,
des surveillants qui n'en peuvent plus.
Cette réalité, beaucoup
d'établissements la connaissent. Mais au collège Mozart, elle est peut-être
ressentie plus fortement qu'ailleurs encore, parce qu'un livre et un film en
ont parlé et que ça n'a rien changé à la situation. Les enseignants et des
parents d'élèves se sont réunis dans un collectif. Un nouveau rendez-vous est
prévu aujourd'hui au rectorat. Mais les professeurs ont peu d'espoir.
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